dimanche 16 décembre 2012

Sprandels, évolution neutre et «psychologie évolutionniste»


Récemment  Xochipilli a rédigé un très intéressant billet critiquant une brève sur des chercheurs qui auraient mis en avant que les hommes préfèrent les femmes qui leur ressemblent physiquement. Ce qui a agacé Xochipilli (et qui m'agace aussi) dans cette brève est que pour les résultats de l'étude mentionnée [1] la journaliste (mais aussi les auteurs de l'étude en question), semble privilégier une hypothèse adaptationniste, c'est-à-dire ici l'idée selon laquelle il y aurait un avantage adaptatif dans le fait de privilégier des femmes qui nous serait physiquement (et génétiquement) proche! Les auteurs de l'étude affirment par exemple que cette préférence des hommes pour des femmes qui leur ressemblent serait un moyen d'éviter la dépression hybride avec donc en toile de fond l'idée que les individus issus de parents génétiquement plus dissemblables aurait un Fitness (c'est-à-dire une «valeur sélective») moindre par-apport aux individus issus de parents génétiquement plus proches! Chose d'ici purement spéculative (la dépression hybride étant très contextuelle et donc à l'inverse dans d'autres contextes particuliers le mélange entre individus génétiquement très distincts peut s'avérer bénéfique) et dont on se demande à quoi cela correspond concrètement! Ainsi a-t-on réellement des preuves solides voulant que le fitness d'une personne est inversement proportionnel à la divergence génétique de ces deux parents? À ma connaissance non! Et plus généralement que dire des populations (comme celles du Brésil) issues du mélange de populations ayant des caractéristiques physiques sensiblement différentes? En ajoutant qu'en remontant suffisamment loin dans l'Histoire de l'Humanité ce genre d'exogamie à grande échelle se retrouve dans toutes les populations humaines!

 Qui se ressemble s'assemble.....ou pas!

Il est clair que chercher une raison adaptative à cette plus grande ressemblance des individus en couple que ne le sont deux individus pris au hasard (en moyenne car les exceptions sont nombreuses) dans la population, demeure du registre de la spéculation pure. Et ce qui a agacé Xochipilli et moi-même, c'est aussi que les dites spéculations renvoient à une vision pour le moins caricaturale de l'évolution, à savoir toujours chercher une raison adaptative à toute caractéristique qu'elle soit morphologique et comportementale, chose qu'a justement critiqué à juste titre Xochipilli. Cependant c'est là qu'un autre membre du C@fé des Sciences, Homo Fabulus, est intervenu car s'est senti lui-même agacé par cette critique de l'adaptationnisme. Un des reproches qu'Homo Fabulus formule contre nous autres les «Gouldiens», c'est que nous nous priverions «de la seule théorie que la science possède pour expliquer la fonctionnalité en biologie»! Bien évidemment je comprend ce qui a pu à priori agacé Homo Fabulus. Cependant je pense qu'il y a eu quiproquos car ni Xochipilli ni moi-même, ne rejetons toute explication adaptative à la fonctionnalité. Le problème étant plutôt que (1) rien ne permet d'affirmer que les résultats de l'étude précédemment mentionnée reflète réellement une «disposition fonctionnelle et/ou adaptative de l'esprit» et que (2) si la sélection naturelle a bien évidemment une grande importance dans l'évolution de la fonctionnalité d'autres facteurs et processus ont également une importance tout aussi majeure dans l'évolution de la dite fonctionnalité! Et pour mieux comprendre tout cela je reviens sur certains des propos qu'avait exprimé d'Homo Fabulus ici en expliquant plus en détail les points que je mentionnes ci-dessus.
«La pléiotropie, les contraintes phylogénétiques, développementales ou simplement physiques, le hasard, tout ça n’a aucune raison de produire de la fonctionnalité (des organismes adaptés à leur environnement). Ca peut arriver mais la proba est extrêmement faible.» Homo Fabulus
Je pense que le passage important des présents propos d’Homo fabulus est «n’a aucune raison de produire de la fonctionnalité» (si jamais Homo Fabulus me corrigera sur ce point), cela faisant référence au caractère non-adaptatif (tout du moins pas toujours) des contraintes, de la pléiotropie et du «hasard» (faisant probablement et notamment référence au caractère aléatoire des mutations et de la dérive génétique). Or j’ai un petit problème avec cette assertion, car en réalité ces différents points (pléiotropie, contraintes et hasard) ont une très grande importance dans l’évolution des adaptations.

J’avais déjà eu l’occasion de discuter en partie de cela dans ce précédent message. Mais donc pour résumer ce dernier l’accumulation de mutations neutres, voir même faiblement délétères, peuvent déterminer des contraintes empêchant certaines innovations et adaptation mais aussi à l’inverse ouvrir la voie à de futures adaptations! C’est notamment ce qu’avait pu mettre en avant le généticien Michael Lynch [2] [3] , de l'expérience de Lenski [4] mais qui a également reçu l’appui du biologiste Joseph W. Thornton avec en toile de fond l’épistasie [5]. Épistasie qui semble avoir une très grande importance dans l'évolution de nouvelles fonctions! [6]

Parfois l'apparition de nouvelles fonctions à partir d’une séquence d’ADN fonctionnelle (ou non-fonctionnel) demande parfois que plusieurs modifications génétiques (mutations) aient lieu. Ainsi parfois l’apparition d’une nouvelle fonction nécessiterait que plusieurs mutations se produisent sur une séquence d’ADN donné (ou même sur des régions du génome relativement éloigné) ce qui est en soit un événement très improbable statistiquement parlant. Or individuellement les mutations sont donc soient neutre, voir même parfois faiblement délétères, dès lors comment aboutir au maintient de plusieurs mutations neutres et/ou faiblement délétères au sein des populations? Simple par simple dérive génétique!Ainsi les diverses variations neutres et/ou faiblement délétères qui persistent au sein des populations peuvent un jour s'avérer entrer en jeu dans l'élaboration de nouvelles fonctions adaptatives. Ainsi l'évolution neutre aurait un rôle prépondérant dans l'évolution de nouvelles adaptations.

Et pour enfoncer le clou le même Joseph W. Thornton a montré que l’évolution neutre, via le maintient (voir la fixation) de «mutations dégénératives», peut mener à l’apparition de structures complexes et même «irréductiblement complexes» (eh oui l’évolution neutre participant à la «complexité irréductible» prenez-ça dans les dents amis créationnistes) [7] or si comme nous le montre la précédente étude mentionnée ici la complexité peut s'accroître sans évolution de nouvelles fonctionnalités on imagine aisément les contraintes structurales que peuvent représenter et/ou imposer pareils structures notamment en matière d’irréversibilité et/ou d'évolution de nouvelles adaptations et/ou fonctions!

Bref l’évolution neutre n’a aucune raison (entendez par-là «raison adaptative») de produire de la fonctionnalité et pourtant il semble qu’elle ait pourtant une très grande importance dans l’apparition ou non de diverses contraintes et adaptations donc dans l'apparition ou non de nouvelles fonctions (même si bien sûr la sélection naturelle entre en jeu à un moment ou à un autre)! Eh oui la probabilité de voir une mutation neutre perdurer sur le long terme et/ou se fixer est extrêmement faible. Et pourtant sur le nombre très important de mutations neutres apparaissant à chaque génération un nombre important parviennent à perdurer voir même pour certaines à se fixer et certaines ne seront donc pas sans conséquences pour l’avenir «adaptatif» et donc évolutif d’une espèce ou tout du moins d’une population. De la même manière chaque espèce avec la combinaison de caractères et d’adaptation qui la caractérisent, avait des chances extrêmement faibles d’apparaître. Le fait que l’évolution neutre puisse avoir une telle importance dans l’adaptation et dans l’évolution à long terme renforce par ailleurs l’idée que l’évolution est extrêmement contingente!

Bref l’évolution neutre a une importance souvent méconnue du grand public!
«Pour Gould, la question de savoir si un trait a été sélectionné en premier lieu pour tel ou tel avantage adaptatif ne me paraît pas très intéressante. Pour moi le plus intéressant c’est de montrer qu’un trait procure un avantage adaptatif, après qu’il ait été secondaire ou pas c’est un autre problème.» Homo Fabulus

En tant que passionné de biologie de l’évolution je ne comprends pas comment on peut ne pas trouver cela intéressant! Car bien évidemment c’est intéressant de savoir si un trait représente oui ou non un avantage adaptatif, mais il est tout aussi intéressant de savoir si ce trait à réellement été initialement sélectionné pour le rôle qui est le sien aujourd’hui. Souvenons-nous des intéressante théories concernant l’évolution des ailes des oiseaux. Il n’est quand même pas inintéressant de se demander si les longues et complexes plumes des avant-bras de certains dinosaures non-aviens avaient des fonctions tout autres que le vol plané!

Mais en bon Gouldien je vais aller plus loin en revenant sur un très intéressant concept de Stephen Jay Gould à savoir les «Sprandels», ce concept nous permettra même d’amener quelques pistes de réflexions en matière de psychologie évolutionniste! En effet selon SJ. Gould l’apparition puis la fixation de caractéristiques adaptatives peut mener à l’apparition et la fixation de caractéristiques parfaitement non-adaptatives, caractéristiques qu’il nomme des «sprandels». [8] [9] Qu’est-ce qu’un sprandel? Le terme «sprandel» est difficile à traduire, mais si l’on reprend la métaphore Gouldienne il faut comprendre «Écoinçons». L’écoinçon n’a pas de «raison d’être» en tant que volonté de l’architecte mais il est une contrainte ou une résultant architecturale inévitable de la décision de concevoir un dôme ou un voûte (voir le schéma ci-dessous).

Dôme et voûte avec leurs écoinçons (Sprandels) en gris. Les écoinçons ne sont pas un but architecturale en soit mais une contrainte ou une conséquence architecturale s’imposant de facto lors de l’élaboration de pareils dômes et/ou voûte. Les écoinçons étant ensuite souvent exploités par les artistes pour y sculptés et/ou peindre divers motifs décoratifs.

Or la même chose existe en biologie, c’est-à-dire qu’un trait adaptatif peut imposer l’apparition de facto d’un autre trait non-adaptatif mais dont l’individu porteur s’accommode plus ou moins bien voir même dans certains cas l’exploite à son avantage. Bien pour mieux le comprendre venons-en tout de suite aux exemples!

Les douleureux sprandels des hyènes femelles

C’est là un exemple qu’avait déjà développé par Xochipilli dans ce présent billet. Xochipilli explique en détails en quoi le clitoris hypertrophié (péniforme) des hyène femelles constitue un handicap car rendant les accouchements des hyène extrêmement douloureux avec qui plus un fort taux de mortalité. Xochipilli revenant ensuite sur une explication purement darwinienne selon laquelle le clitoris surdimensionner des hyène aurait été positivement sélectionnés car étant utilisé par les hyène dans le cadre d'un rituel de rencontre entre membres de clans différents (où sauf erreurs les hyènes se lécheraient alors le clitoris). Bien évidemment Xochipilli souligne le caractère peu convaincant de ces explication adaptationniste notamment en citant Stephen Jay Gould lui-même:

«On peut envisager un autre scénario, beaucoup plus vraisemblable à mon sens. Je ne doute pas que la particularité fondamentale de l’organisation sociale chez les hyènes –grande taille et dominance des femelles- soit une adaptation à quelque chose. Le moyen le plus aisé de parvenir à une telle adaptation serait une augmentation marquée de la production d’hormones androgènes par les femelles [avec] des conséquences automatiques –parmi celles-ci, un clitoris péniforme et un faux scrotum. Une fois que ces effets sont là, ils peuvent acquérir, par évolution, une utilité comme pour le rituel de rencontre. Mais leur utilité actuelle ne doit pas sous-entendre qu’ils ont été directement mis en place par la sélection naturelle dans le but qu’ils remplissent à présent.» Stephen Jay Gould

Donc cette masculinisation à l’extrême des organes génitaux des hyènes femelles avec toutes les conséquences néfastes que cela entraîne en matière d’accouchement, ne serait nullement une adaptation mais la conséquence «structurale» d’une adaptation autre (par exemple une plus grande agressivité), donc un véritable sprandel! Certes Xochipilli cite une étude qui remettrait en question cette explication Gouldienne car le clitoris surdimensionné des hyènes ne serait pas le simple fait des hormones androgènes [10]. Cependant hormis le fait que le rôle des hormones androgènes ne soient pas totalement rejeté, les facteurs génétiques et développementaux à l'origine de la masculinisation des organes génitaux des hyène femelles sont passablement complexes [11] et pas forcément incompatibles avec l'existence de facteurs communs pour l'agressivité et la virilisation des organes génitaux féminins des hyènes. Et d'ailleurs certains résultats concordent au moins en partie avec l'explication Gouldienne. [12]. Il faut dire que quelque soit l'explications exacte du Clitoris surdimensionné des hyènes, celui-ci demeure donc indiscutablement un fardeau lors de l'accouchement. Mais donc ce clitoris malgré l'inconvénient évident qu'il représente aurait donc été «détourné» par les hyènes utilisant donc ce clitoris péniforme pour leurs «rituels de rencontre» c'est ce que Stephen Jay Gould appellerait lui-même une exaptation.

Et tant qu'on y est voici un autre exemple d'exaptation

L'exemple de la hyène ci-dessus est intéressant car la fonctionnalité du clitoris surdimensionné de la hyène dans le cadre de «rituels de rencontre», ne signifie donc pas forcément que le clitoris surdimensionné a été sélectionné à cet effet, ni même qu'il a été sélectionné pour une autre raison. Ce clitoris péniforme ne serait donc probablement qu'une conséquence structurale sans valeur adaptative, et la fonction qu'a trouvé la hyène à ce clitoris n'est pas en soit le fruit de la sélection naturelle mais souligne parfaitement ce qu'a souligné Xochipilli dans sa réponse à Homo Fabulus à savoir que: «l’individu fait une utilisation optimale de ce qu’il reçoit comme phénotype», ou simplement que l'individu fait au mieux avec ce qu'il reçoit comme phénotype!

Pléiotropie et sprandels

La pléiotropie désigne grosso modo le fait qu’un même gène peut avoir un impact sur des multiples traits, traits qui n’ont pas forcément de rapport direct les uns avec les autres. Par exemple un gène affectant l’agressivité aurait également un impact dans le développement des dents de sagesse, et une mutation affectant ce gène pourrait affecter ces deux traits (agressivité et dent de sagesse) simultanément. Dès lors on imagine très bien l’importance que pourrait avoir la pléiotropie dans l’évolution des organismes à ce titre mentionnons par exemple l’expérience des Renards de Bieliaiev. [13]

Sans détaillé l’expérience ici retenons simplement que celle-ci visait à sélectionné chez des Renards de l’espèce Vulpes vulpes (ici en partant d'une population de Vulpes vulpes au pelage argenté), des caractéristiques comportementale propices à l’apprivoisement. Bref les éleveurs participant à l’expérience favorisaient les individus les moins farouches et les moins agressifs de manière à obtenir une variante domestique similaire à ce que les hommes ont obtenu avec les loups à savoir les chiens.


 Renard issu de l'expérience de Bieliaiev, notez sa queue enroulée.

Or surprise l’expérience a abouti avec cependant des résultats supplémentaire, puisque nous seulement les chercheurs parvinrent à obtenir des Renard plus dociles mais en plus ceux-ci avait acquis des caractéristiques morphologiques nouvelles, notamment des pelages de couleurs différentes ainsi qu’une queue se dressant vers le haut voir même s’enroulant, des oreilles tombantes etc, etc….. Bref il semblerait que les caractéristiques génétiques favorisant un comportement plus propice à la domestication ait également un impact sur des caractéristiques morphologiques. Et chose surprenante certaines de ces dernières se retrouvent également chez les chiens.

Ainsi les résultats de cette expériences (comme d’autres études avec d’autres organismes) nous enseignent que certaines caractéristiques phénotypiques ont pu se fixer non pas parce qu’elles représentaient des adaptations en tant que telles mais simplement parce qu’elles étaient «liés génétiquement» par pléiotropie à d’autres caractéristiques phénotypique qui elles ont réellement été positivement sélectionnées. Bien évidemment l’importance relative de la pléiotropie dans l’évolution reste sujette à discussion [14] [15], mais celle-ci est donc une réalité qui ne peut être négligée.

Les tétons masculins comme sprandels!


Mais à quoi peuvent-ils bien servir?

Eh ben oui, à quoi peuvent bien servir les tétons chez la gente masculine. Chez les femmes la fonction adaptative des tétons est évidente, l’allaitement. Mais pourquoi diable les hommes ont eux aussi des tétons? On pourrait s’en passer non? Tout comme on se passe bien d’ovaires et d’utérus! Mais non rien à faire les tétons persistent chez les mâles! Certes on pourrait toujours trouver une lointaine raison adaptative pour les tétons. Ou alors mentionner la sélection sexuelles (les femmes trouveraient les tétons masculin attirant) mais bof pas terrible comme explications non?!

Il existe cependant probablement une raison plus simple à cela: Les hommes ont des tétons parce que les femmes en ont besoin!

Hein quoi?!

C’est assez simple à comprendre, les tétons sont clairement adaptatifs pour les femmes et donc pour la pérennité de l’espèce (allaitement oblige), mais les divers gènes, mécanismes et contraintes développementaux permettant l’élaboration des tétons féminins se retrouve également chez les fœtus et individus de sexe masculin. La différenciation génétique XX et XY ne change rien quant au fait qu’un embryon puis un fœtus masculin va se retrouver avec des facteurs génétiques et contraintes développementales aboutissant à l’élaboration de tétons. Et donc les hommes se retrouveront inéluctablement avec des tétons car les contraintes génétiques et développementales font qu’à l’inverse de l’utérus, il ne peut y avoir de mâles sans tétons à partir du moment que les femelles en ont également!

Des sprandels psychologiques?

Eh oui si les caractéristiques morphologiques ne sont pas toutes des adaptations mais des sprandels pourquoi n’en serait-il pas de même pour notre psyché et donc une part non-négligeable de nos comportements? Et comme nous discutons biologie de l’évolution, ne nous arrêtons pas à l’espèce humaine mais intéressons-nous aux plus proches cousins de cette dernière, à savoir les chimpanzés. Nous le savons les chimpanzés sont nos plus proches cousins et ont des caractéristiques comportementales similaires à celles des êtres humains, y compris donc des émotions similaires aux nôtres. Or l’histoire tragique d’une maman chimpanzé et de son petit nous rappelle à quel point ces animaux sont similaires à nous-mêmes. En effet une maman chimpanzé nommé Jire par les observateurs, a continué à porter le corps de son fils Jokro décédé durant les 27 jours qui ont suivis la mort de ce dernier! [16]

Femelle chimpanzé portant sur son dos le cadavre en décomposition de son petit mort depuis déjà plusieurs semaines. Ce comportement n'a en soit rien d'adaptatif pas plus que la détresse et le chagrin que manifeste cette femelle chimpanzé. Ce comportement est avant tout la «conséquence» d'aptitude cognitives apparues et/ou sélectionnée pour d'autres raisons que celle que manifeste ici cette femelle chimpanzé.

La femelle chimpanzé est réellement affecté au niveau émotionnel par la mort de son petit, si bien que même mort elle refuse de s’en séparer. Le fait que cette femelle chimpanzé a réellement de la peine au sens humain que l’on accorde à ce dernier mot.

D’un point de vu sélectif la peine et le comportement dont témoigne cette femelle chimpanzé n’est cependant nullement optimal évolutivement parlant. Le plus optimal aurait été d’abandonner son petit dès sa mort (voir même avant quand il était mourant) puis si possible déjà aller courtiser des mâles en vue d’avoir un nouvel enfant ou tout du moins s’occuper avant tout d’elle-même au lieu de perdre son temps et son énergie à porter la dépouille de son défunt rejeton.

Seulement voilà l’attachement de la femelle chimpanzé pour son petit à une conséquence inattendue, à savoir un détresse et/ou tristesse et/ou refus vis-à-vis à la mort de son enfant et là nous avons ce qui s’apparente à un «Sprandel» c’est-à-dire une «extension» comportementale et/ou psychique non-adaptative. Et voilà comment des caractéristiques comportementales bien humaines peuvent s’expliquer évolutivement avec correspondance phylogénétique chez nos plus proches cousins, sans que l’on doive chercher des «raisons adaptatives» à ces caractéristiques à proprement parler!

Et la dérive génétique dans tout ça?

C’est une bonne question, notre psyché étant également affecté (même de manière «non-linéaire» et complexe) par notre génome, alors quelle rôle aux changements aléatoires de fréquences alléliques affectant certains comportements et/ou prédispositions comportementales? Pour entrevoir cela faisons un petit détour «adaptationniste» autour d’une célèbre pathologie de l’esprit à savoir la dépression.

En effet certains scientifiques avaient proposé une hypothèse selon laquelle la dépression aurait une origine adaptative avec grosso modo l’idée selon laquelle la dépression permettrait de prendre de meilleures décisions. [17] Le tout en s’appuyant notamment sur le fait que la dépression serait favorisé par certaines particularités génétiques (allèles prédisposant à des états dépressifs sans toutefois obligatoirement débouché sur des dépressions l’environnement a aussi son mot à dire de plus en soulignant les débats et incertitudes autour de la question de pareils allèles prédisposant à la dépression). Or bien évidemment cette explication est purement spéculative et a même été contesté par le biologiste Jerry Coyne (que l’on ne peut pourtant pas qualifier de Gouldien) et cela pour d’excellentes raisons!


La dépression? Darwin pôwaaaaaaaaa!!!!!

Mais alors si la dépression n’est pas adaptative pourquoi persiste-t-elle à des fréquences non-négligeables au sein des populations? Pourquoi de possibles prédispositions génétiques à la dépression auraient persisté au cours de notre évolution? La réponse à ces dernières questions est probablement plus simple qu’il n’y paraît, la dépression comme beaucoup d’autres caractéristiques non-adaptatives voir même modérément délétères, persiste parce que souvent les individus parviennent à s’accommoder et/ou à surmonter ce fardeau psychologique!

Ainsi les allèles qui favoriseraient et/ou prédisposeraient à la dépression ne se seraient pas forcément répandues pour des raisons adaptatives et ne persisteraient pas au sein des populations humaines actuelles parce qu’adaptatives, elles persisteraient simplement parce que malgré leurs effets faiblement délétères, les individus parviennent néanmoins «à s’en accommoder» et donc la variation non-avantageuse persiste voir même caractérise une part non-négligeable de l’humanité sans qu’elle n’ait cependant la moindre raison d’être adaptive ou darwinienne.

Conclusion:

La biologie du comportement et/ou la «psychologie évolutionniste», a bien évidemment sa place en science mais doit également bien évidemment s’ouvrir à un nécessaire pluralisme et donc ne pas se cantonner à la seule vision adaptationniste darwinienne quand bien même cette dernière a toujours son importance. La question des sprandels et de l’impact de la dérive génétique ont leur place dans ce domaine en ajoutant bien évidemment la nécessaire prise en compte de l’impact de l’environnement influant énormément la psyché particulièrement plastique de l’être humain.

PS: Je précise également que mon présent article n'est pas une attaque ou un dénigrement d'Homo Fabulus car je pense que ce dernier a déjà connaissance de la plupart des points que je soulève ici, je pense qu'il s'agit davantage d'un malentendu qu'autre chose.

Références:


[3] Michael Lynch (2010), Scaling expectations for the time to establishment of complex adaptations, Proceedings of the National Academy of Sciences

[4] Robert J. Woods et al (2011), Second-order selection for evolvability in a large Escherichia coli population, Science

[5] Jamie T. Bridgham, Eric A. Ortlund and Joseph W. Thornton (2009), An epistatic ratchet constrains the direction of glucocorticoid receptor evolution, Nature

[6] Michael S. Breen et al (2012), Epistasis as the primary factor in molecular evolution, Nature

[7] Gregory C. Finnigan et al (2011), Evolution of increased complexity in a molecular machine, Nature

[8] Stephen Jay Gould and Richard Charles Lewontin (1979), The Spandrels of San Marco and the Panglossian Paradigm: A Critique of the. Adaptationist Programme, Proceedings of the Royal Society of London

[9] Stephen Jay Gould (1997), The exaptive excellence of spandrels as a term and prototype, Proceedings of the National Academy of Sciences
[13] Lyudmila N. Trut (1999), Early Canid Domestication: The Farm-Fox Experiment, American Scientist

lundi 10 décembre 2012

Sauvons «C'est pas sorcier»!


Le magazine télévisuel «C'est pas sorcier» diffusé sur France 3 risque de disparaître du paysage audiovisuelle dès le mois de juin 2013.

Si vous aussi vous regrettez que l'une des rares émissions de vulgarisation scientifique de qualité disparaisse (alors que dans le même temps des émissions de plus en plus stupides polluent de plus en plus le paysage audiovisuel) alors vous pouvez signez la pétition demandant le maintient de cet excellent magazine! Le lien menant à la pétition est également disponible sur la liste de mes sites favoris à gauche!

Croisons les doigts pour que ce magazine continue!

Évolution des Oiseaux versus Dessein Intelligent, le retour!


Si vous parcourez un peu mon blog vous remarquerez sans doute mon faible pour l'histoire évolutive des oiseaux et plus exactement pour l'origine dinosaurienne de ces derniers. Mon blog a d'ailleurs commencé avec un dossier en cinq parties (1, 2, 3, 4 & 5) consacrée à un démontage détaillé des assertions d'une poignée de chercheurs continuant mordicus à nier le fait que les oiseaux sont des dinosaures. Ces chercheurs s'étant d'ailleurs vu affublé du sobriquet de BANDits pour «Birds Are Not Dinosaurs».

Et pour confirmer mon intérêt pour ce sujet j'ai même consacré deux bon gros billets à réfuter les âneries des créationnistes du «Discovery Institute» ici et ici. Âneries selon lesquelles l'origine évolutive, ici dinosaurienne, des oiseaux (et par extension l'évolution en générale) ne seraient pas démontrée. Ces créationnistes s'appuyant d'ailleurs largement sur les sophismes des BANDits précédemment mentionnés pour soutenir leur âneries.

Je n'avais pas prévu de revenir sur ce qui a donc déjà été dit en long et en large dans le présent blog mais bon, un récent article du jeune créationniste Jonathan MacLatchie, m'a finalement poussé à y revenir car illustrant à merveille la malhonnêteté teintée de stupidité de ces «créationnistes sophistiqués».


Jonathan MacLatchie (alias JonathanM sur le blog du «Discovery Institute» intitulé «Evolution news & views»), est un jeune étudiant converti à la cause créationniste et plus exactement à la version sophistiquée de celui-ci communément nommée «Dessein Intelligent». JonathanM est donc un nouvel arrivant dans ce mouvement, un nouvel arrivant déjà passablement actif et ayant déjà pondu de nombreuses âneries. Mais là JonathanM a donc touché un sujet qui me tient à cœur à savoir l'évolution de la gente avienne à partir de petits dinosaures théropodes.

Cette «critique» de l'origine dinosaurienne des oiseaux s'inscrit dans une attaque à l'encontre du livre du biologiste Jerry Coyne intitulé «Why Evolution Is True». Ci-dessous je m'attèle donc à décortiquer et démonter les pseudo-arguments que JonathanM utilise pour soit disant remettre en cause l'origine dinosaurienne des oiseaux. Inutile de vous dire que je perdrai pas mon temps à remettre l'ensemble des assertions que JonathanM emploi à l'encontre de l'ouvrage de Jerry Coyne, ce qui suit suffisant déjà amplement à démontrer la malhonnêteté et la stupidité des assertions en question.

Bref voici par quels mot JonathanM commence sa «remise en question» de l'origine dinosaurienne des oiseaux:
«Features that have convinced many paleontologists of Archaeopteryx's transitional status with respect to theropod dinosaurs and birds include the fact that it possesses fully developed feathers (including primaries and secondaries) which were arranged on its wings in a manner similar to modern birds, as well as its reptilian features such as a long bony tail, the claws on its forelimbs and hindlimbs, and its teeth. Other fossilized birds, however, have been found to have teeth (e.g., Hesperornis) and, indeed, some modern birds (e.g., the ostrich) possess fingers on their wings.» JonathanM
JonathanM semble sous-entendre ici que Archaeoptéryx ne serait au final pas un si bel exemple de fossile transitionnel car les caractères «reptiliens» d'Archaeoptéryx se retrouverait chez d'autres oiseaux du Mésozoïque. Bon déjà là on se demande où se situerait le problème sachant qu'il est tout à fait attendu évolutivement parlant, que d'autres oiseaux du Mésozoïque retiennent eux aussi des caractères «reptiliens». De plus hormis que Archaeoptéryx possède une longue queue osseuse que ne possède pas les autres oiseaux basaux mentionnés ici par JonathanM, un simple regard sur la morphologie générale d’Archaeoptéryx nous montre que ce dernier était bien plus similaire à un dinosaure théropode non-avien tel que Vélociraptor qu’ à un oiseau comme Hesperornis.

Comparaison des squelettes de Vélociraptor, Archaeoptéryx et d’Hesperornis. Nous remarquons immédiatement qu’Archaeoptéryx est bien plus similaire à dinosaure non-avien tel que Vélociraptor qu’à Hesperornis.

Par ailleurs Vélociraptor avait également des plumes [1], de même que bon nombres d’autres dinosaures théropodes non-aviens. JonathanM échoue donc lamentablement à remettre en question l’existence de fossiles attestant l’apparentement des oiseaux avec les dinosaures.

Mais en bon créationniste JonathanM poursuit son enfumage des lecteurs en tentant de jeter un doute sur l’existence même des dinosaures à plumes.
«Moreover, an interesting paper appeared in the Journal of Morphology in 2005, challenging the evidence for feathered dinosaurs (Fedducia et al., 2005).» JonathanM
Le papier de Feduccia et al [2] ne concerne en réalité que Sinosauropteryx prima et non pas les autres dinosaures à plumes tels que Microraptor gui ou même Vélociraptor chez qui la présence de plumes a pu être avéré [1]. Alan Feduccia n’ayant d’ailleurs pas pu nier la présence de plumes chez les Dromaeosauridés, a alors affirmé que ces derniers étaient des oiseaux sans lien de parenté avec les dinosaures alors que dans les années 1990 il affirmait que ces mêmes Dromaeosauridés étaient des dinosaures sans lien de parenté avec les oiseaux….. [3]

JonathanM ignore les contradictions embarrassantes et injustifiées d’Alan Feduccia, et ignore donc que la présence de plumes chez les dinosaures est aujourd’hui parfaitement avéré! De plus la tentative de Feduccia et al de nier la présence de filaments de plumes chez Sinosauropteryx prima se pète les dents devants des analyses plus récentes montrant que les filaments en question possédaient des mélanosomes similaires à ceux des plumes des oiseaux actuels [4] (voir aussi ce précédent message) filaments qui ne sont donc de toute évidence pas des fibres de collagènes dégradés mais bel et bien des téguments homologues aux plumes des oiseaux!

Reconstitution en couleurs de Sinosauropteryx prima

JonathanM ne rapporte donc pas comme il se doit les connaissances acquises sur la présence de plumes chez les dinosaures théropodes. Il se contente de sélectionner une publication de Feduccia et al en ignorant la majeure partie de la littérature et des recherches scientifiques sur ce sujet dans le seul but de désinformer ses lecteurs. Et il continue en se référant au même Alan Feduccia concernant l'homologie des doigts des ailes des oiseaux.
«The researchers also "examine evidence relating to the most critical character thought to link birds to derived theropods, a tridactyl hand composed of digits 1-2-3." They find that "the evidence supports interpretation of bird wing digit identity as 2,3,4, which appears different from that in theropod dinosaurs."» JonathanM
JonathanM semble ignorer totalement le fait que l’apparente mise à mal de l’homologie des doigts des oiseaux avec ceux des dinosaures théropodes, a été résolue il y a un moment déjà, notamment par des etudes portants sur les genes Hox impliqués dans le dévloppement ontogénique de ces mêmes doigts. [5] [6] [7] Cela a déjà été discuté en détail dans ce précédent message.

Mais JonathanM ignore mystérieusement ces récentes avancées rendant ses objections caduques comme c'est étrange!
«Another paper published in the Journal of Morphology raises a further problem for the evolution of birds from theropod dinosaurs (Quick and Ruben, 2009).» JonathanM
Ok là encore je vous épargne les détails concernant les sophismes et la malhonnêteté de Quick et Ruben car ceux-ci ont déjà été analysés et décortiqués dans ce précédent message. Retenons juste une chose selon Quick et Ruben l’origine dinosaurienne des oiseaux serait mis à mal parce que les dinosaures théropodes auraient un fémur trop mobile pour permettre la présence de sacs aériens abdominaux similaires à ceux des oiseaux. Quick et Ruben sous-entendant dans leur entretien accordé  la presse que les dinosaures théropodes ne pourraient pas avoir de sacs aériens abdominaux semblables à ceux des oiseaux et donc que cela mettrait à mal la parenté dinosaures-oiseaux.

Or comme cela a déjà été discuté dans ce précédent message Quick et Ruben débitent n’importe quoi!

Pourquoi?

Parce que dans leur publication scientifiques les mêmes Quick et Ruben reconnaissent que selon leur «modèle», les oiseaux basaux tels que Archaeoptéryx n’auraient eux-mêmes pas pu avoir pareils sacs aériens abdominaux car selon eux ces oiseaux avaient eux aussi un fémur bien trop mobile pour cela! À ce titre j'avais traduit les propos de Quick et Ruben en français pour que cela soit bien clair!

Le fémur n'atteint pas sa position sub-horizontale avant la fin du Crétacé chez les ornithurines (oiseaux primitifs) comme cela est indiqué par la présence de l'antitrochanter, bien que certains oiseaux de la sous classe des énantiornithes (autre groupes d'oiseaux primitifs) avaient peut être déjà cette orientation fémorale (Hertel et Campbell, 2007). Nos données indiquent que les premières formes aviaire (Archaeopteryx, confuciusornithines et certains oiseaux enantiornithines) ont peut être un volume pelvien analogue à celui de l'autruche, mais il semble peu probable qu'ils aient été capables d'avoir pu efficacement empêché l'effondrement paradoxal de leurs sacs aériens abdominaux à cause de leurs courts iliaque post-acétabulaire et ischium (Naples et al., 2002) ainsi qu'en raison de la position verticale de leurs fémurs. Quick and Ruben [8]

Comment Quick et Ruben peuvent donc prétendre mettre à mal la parenté dinosaures-oiseaux en raison de cette histoire de fémur trop mobile alors qu’ils affirment en même temps que les premiers oiseaux avaient eux-mêmes pareille mobilité du fémur? De plus cette histoire de fémur empêchant la présence de sac aériens abdominaux similaires à ceux des oiseaux actuels, est des plus bancale (voir cet article du paléontologue Darren Naish). Et donc JonathanM ignore les contradictions flagrantes  et les faiblesses des propos de Quick et Ruben et prend donc position en faveur d’une parfaite ânerie!

Rappelons également comme cela avait déjà été discuté dans ce précédent message que pour John Ruben tout comme pour les autres BANDits à savoir Alan Feduccia et Larry Martin, les Dromaeosauridés (ci-dessus un Vélociraptor tentant d’attraper des oiseaux primitifs nommés Confuciusornis) seraient des oiseaux «primitifs» et non pas des dinosaures (en rappelant qu’avant les années 2000 ils prétendaient tous les trois exactement le contraire!). Aussi si John Ruben affirme que la position du fémur de ces dinosaures théropodes leur interdits d’être de proches parents des oiseaux, comment peut-il en même temps affirmer que les Dromaeosauridés sont des oiseaux? Là encore John Ruben se contredit et pire encore se discrédite complètement! 

Et en parlant d’ânerie en bon créationniste JonathanM ne s’arrête pas à cette dernière et après avoir pris parti en faveur des propos contradictoires et bancaux de John Ruben, il passe directement à la suivante:
«Another problem with the claim that birds descended from theropod dinosaurs is that the forelimbs of birds must be able to support their wings and are thus well developed. But the theropods possessed very small forelimbs, which are hardly credible precursors to those of birds and, indeed, a creature like Archaeopteryx.» JonathanM
JonathanM pense-t-il vraiment qu’un membre ne peut pas s’allonger au cours de son évolution? Affirmation grotesque et gratuite de sa part!


L'allongement des pattes au cours de l'évolution? Impossible je vous dis! Parole de Lévrier!

Les dinosaures théropodes non-aviens avaient certes pour la plupart, des membres antérieurs plus courts que ceux des oiseaux, mais pour beaucoup de ces dinosaures théropodes les membres antérieurs demeuraient fonctionnels et il n’y a aucune raison de penser que ceux-ci n’auraient pas pu s’allonger au cours de l’évolution notamment sous l’influence de diverses pressions sélectives. Souvenons-nous des hypothèses évolutives quant à l’utilité possible de membres antérieurs plus longs chez les ancêtres des oiseaux. Si ces hypothèses ne sont bien évidemment pas possible à confirmer elles demeurent plausibles et ne sont pas exclusives. De plus l’allongement d’un membre ne représente pas quelque chose d’extraordinaire évolutivement parlant, les affirmations péremptoires de JonathanM étant donc du registre du pur sophisme et encore je suis gentil!

Mais attendez encore une fois JonathanM ne s’arrête pas là et s’enfonce encore davantage dans la bêtise.
«A further difficulty pertains to explaining the origin of feathers. If, as is conventionally maintained, feathers evolved from scales, one has to posit some kind of Darwinian explanation for their evolution from perhaps frayed scales, which must include some kind of genetic basis for every step from frayed scale to fully sculptured feather complete with its many specialized features. Based on what we presently know of the genetic mechanisms, structure and molecular composition of functioning feathers, the proposition that these structures evolved from frayed scales may now reasonably be regarded as highly implausible.» JonathanM
Encore une fois difficile de dire si JonathanM est un parfait malhonnête ou un parfait ignare. Car voilà la présente prose sur l’impossibilité de l’évolution des plumes à partir d’écailles effilochées est au mieux une grave démonstration d’ignorance de sa part au pire un méprisable épouvantail et donc une démonstration flagrante de malhonnêteté.

Pourquoi?

Parce que les chercheurs n’affirment guère que les plumes ont évolué à partir d’écailles effilochés! [9] À ce titre je vous laisse vous référez à cet article de Taupo sur l’évolution des plumes. Car comme vous pourrez le constater les recherches menées notamment par Richard O. Prum sur l’ontologie des plumes tendent à montrer que celles-ci n’ont pas directement évolués à partir d’écailles mais au contrairement directement à partir de placodes. Cela rendant la présente objection de JonathanM totalement à caduque ou mieux dit complètement à côté de la plaque!

Schéma simplifié de l'évolution des plumes au regard de ce que nous enseigne la biologie du développement via notamment les études de Richard O. Prum. [9] Les plumes n'ayant donc pas évolué à partir d'écailles effilochées mais de placodes. Voir l'excellent article de Taupo consacré à l'évolution des plumes.

Et il est quand même affligeant qu’un étudiant en biologie qui prétend réfuter une théorie scientifique ne se renseigne pas correctement sur l’état actuelles des connaissances de la théorie en question! Alors ignorance ou malhonnêteté? Hélas difficile de lui accorder la bénéfice du doute en attribuant ces propos à la première, car à la fin de sa «critique» de l’origine dinosaurienne des oiseaux, JonathanM témoigne de la malhonnêteté la plus crasse qui soit!
«Finally, anyone who has carefully followed the scientific discussion on evolution and the fossil record will doubtless be aware that Archaeopteryx has relatively recently been knocked off its perch, as it were, as the first bird, following the discovery of Xiaotingia zhengi in western Liaoning, China, in rocks dating to the late Jurassic epoch, 161-145 million years ago (Xu et al., 2011). As one news report in Nature put it, "we are about to enter a new era in which Archaeopteryx is considered as distant from the ancestry of modern birds as dinosaurs such as Deinonychus."» JonathanM
Soupirs.....

Si vous aviez lu ce précédent message ou alors simplement les articles que JonathanM cite lui-même vous ne pouvez que partager ma consternation face à la bêtise de ce dernier. Car au mieux JonathanM nous prouve qu'il n'est qu'un imbécile inconséquent au pire qu'il est un imbécile inconséquent doublé d'un malhonnête.  Pourquoi? Simple reprenons l’extrait du communiqué de la revue «Nature» que JonathanM cite lui-même:

«We are about to enter a new era in which Archaeopteryx is considered as distant from the ancestry of modern birds as dinosaurs such as DeinonychusLawrence M. Witmer [10]

Et maintenant si vous lisez entier les deux articles que cite JonathanM c'est-à-dire le communiqué de Lawrence M. Witmer de la revue «Nature» [10] ainsi que l'étude consacré à Xiaotingia zhengi [11] vous comprendrez que ces derniers stipulent simplement que Archaeoptéryx serait phylogénétiquement d’avantage apparenté aux Deinonychosauriens comme Vélociraptor qu’il ne l’est aux oiseaux. Chose dont j'avais moi-même discuté plus en détail dans ce précédent message!


Traditionnellement Archaeoptéryx est considéré comme étant le premier oiseau car classé comme étant phylogénétiquement plus apparentés aux oiseaux qu’aux dinosaures non-aviens comme Vélociraptor (A). Cependant la découverte de Xiaotingia zhengi suggère donc que Archaeoptéryx pourrait être, à l’instar de Vélociraptor, un dinosaure non-avien (B). Notons toutefois que cette remise en question de la phylogénie traditionnellement admise pour Archaeoptéryx, a elle-même été remise en question par une autre étude arrivant à la conclusion qu'Archaeoptéryx serait malgré tout phylogénétiquement plus proche des oiseaux qu'il ne l'est de Vélociraptor [12].

Et donc JonathanM prétend donc que la remise en question du statut de «premier oiseau» habituellement attribué à Archaeoptéryx, Archaéoptéryx qui serait donc considéré comme un dinosaure à plumes non-avien, mettrait à mal l’origine dinosaurienne des oiseaux. Le même JonathanM qui avant citait des articles qui prétendaient que les dinosaures à plumes n’existent pas! L’incohérence est ici totale, JonathanM fait preuve de la bêtise créationniste la plus crasse qui soit!

Conclusion:

Les propagandistes créationnistes sont malhonnêtes et idiots! Oui bon ça on le savait déjà me direz-vous mais bon à cela on peut simplement ajouter qu’il est déprimant de voir que certains dépensent une telle énergie à désinformer les gens en prétendant faire de la «science», le tout au service d’une idéologie n’ayant rien de scientifique. Et hélas les créationnistes ne sont pas les seuls souvenons-nous en effet des étrons racistes qu’avait étalé un sinistre cornichon! Moralité méfiez-vous des fumistes en tout genre et tant que j'y pense, pour ceux qui vivent dans les hautes lattitudes de l'hémisphère nord cet hiver n’oubliez de nourrir nos dinosaures contemporains en mettant graines à disposition de ces derniers dans votre jardin ou sur le bord de votre fenêtre!

Références: 

[1] Alan H. Turner Peter J. Makovicky and Mark A. Norell (2007), Feather Quill Knobs in the Dinosaur Velociraptor, Science

[2] Alan Feduccia et al (2005), Do Feathered Dinosaurs Exist? Testing the Hypothesis on Neontological and Paleontological Evidence, Journal of Morphology


[4] Richard O. Prum et al (2010), Plumage Color Patterns of an Extinct Dinosaur, Science

[5] Alexander O. Vargas and John Fallon (2005), Birds Have Dinosaur Wings: The Molecular Evidence, Journal of Experimental Zoology

[6] Alexander O. Vargas and John Fallon (2005), The digits of the wing of birds are 1, 2, and 3. a review, Journal of Experimental Zoology

[7] Alexander O. Vargas et al (2008), The Evolution of HoxD-11 Expression in the Bird Wing: Insights from Alligator mississippiensis, PLoS ONE

[8] Devon E. Quick and John A. Ruben (2009), Cardio-Pulmonary Anatomy in Theropod Dinosaurs: Implications From Extant Archosaurs, Journal of Morphology

[9] Richard O. Prum (2005), Evolution of the Morphological Innovations of Feathers, Journal of Experimental Zoology

[10] Lawrence M. Witmer (2011), An icon knocked from its perch, Nature

[12] Michael S. Y. Lee and Trevor H. Worthy (2011), Likelihood reinstates Archaeopteryx as a primitive bird, The Royal Society

jeudi 15 novembre 2012

Ces emplumés d'Ornithomimidés!

Reconstitution artistique d'Ornithomimus représenté ici par un juvénile à la «fourrure de plumes» et un adulte exhibant sur ses avant-bras des plumes semblables aux régimes de nos oiseaux actuels. Ces rérniges qui formeraient même chez les Ornithomimus adultes des sortes d'ailes qui certes ne lui permettaient pas de voler mais qui lui auraient peut-être servi lors de probables Parades Nuptiales. Cette reconstitution et cette hypothèse se basant sur la récente étude de Darla K. Zelenitsky et al (2012). [1] Mais peut-on réellement affirmer que les plumes des avant-bras des adultes Ornithomimus étaient de véritables rémiges disposés de manière semblables à ceux des ailes de nos oiseaux actuels? Comme nous le verrons plus bas dans le présent message nous ne pouvons guère en avoir la certitude!

Récemment une étude portant sur les fossiles d'Ornithomimidés nommés d’Ornithomimus découverts dans l’Alberta au Canada a permis de déterminer de manière claire que ces derniers avaient bel et bien des plumes! [1] Mieux l’analyse comparé du fossile d’Ornithomimus juvénile avec celui d’un adulte a permis d’établir que le second avait des «attaches» de plumes complexes sur les avant-bras que ne possédait pas le premier. Cela constituant probablement un important renseignement sur le développement des plumes durant la croissance de ces dinosaures non-aviens.

Les Ornithomimidés sont également appelé «Dinosaures Autruches» en raison de leur morphologie générale similaire à celle des actuelles Autruches. Ci-dessus le squelette de l'Ornithomimidé Struthiomimus.

Le premier point intéressant de cette découverte étant donc qu’elle confirme ce que les paléontologues soupçonnèrent depuis longtemps, à savoir que les Ornithomimidés avaient eux-aussi des plumes. Soupçons qui s’expliquent aisément lorsque l’on observe la phylogénie des Dinosaures chez lesquels la présence de plumes fossilisées a pu être avéré (voir ce diagramme).

Cependant si la présence de plumes chez les Ornithomimidés est donc superbement confirmée par ces fossiles les auteurs de la publication décrivant ces fossiles, prennent parti pour une hypothèse à prendre avec des pincettes, hypothèse soutenant que les Ornithomimidés adultes avaient probablement sur leurs avant-bras de véritables rémiges similaires à celles de nos oiseaux actuels. C'est-à-dire des régimes qui formeraient des sortes d'ailes ou «proto-ailes». En effet les avant-bras des Ornithomimus adultes ont des marques qui correspondraient aux «attaches» de Calamus de plumes. Cela voudrait donc dire que les Ornithomimidés n’avaient pas que de simples filaments de plumes mais bel et bien des plumes munies d’un Calamus à l’instar de celles de nos oiseaux (voir l'image et la légende ci-dessous).

Plume d'oiseau: organe composé d'une tige souple portant des barbes et barbules recouvrant la peau des oiseaux pour la protéger et maintenir la température du corps. Plume de duvet: premières plumes qui poussent et qui sont molles. Barbes molles et libres: filaments de la plume de duvet qui ne sont pas serrés. Calamus ou tige creuse: tige vide de la plume. Rachis ou tige pleine: partie de la tige de la plume qui n'est pas vide. Barbes raides accrochées les unes aux autres: filaments de la plume qui ne sont pas mous et libres. Lame: partie mince et plate de la plume. Rémige primaire: la plus grande plume située sur le rebord de l'aile de l'oiseau (source du présent schéma et de la légende qui l'accompagne cliquez ici).

Et puisque ces marques d’attaches de plumes, ou plus exactement de Calamus, se trouvent sur les avant-bras, les auteurs de l’étude en déduisent que ces plumes étaient probablement homologues à celles des régimes des ailes des oiseaux et que donc les Ornithomimidés avaient très probablement eux aussi des rémiges similaires à celles de nos oiseaux actuels et formant de véritables ailes similaires à celles des oiseaux (voir la reconstitution au début du présent message) et cela quand bien même les Ornithomimidés ne s’en servaient donc pas pour voler. De plus nous noterons également que seuls les spécimens adultes présentent pareilles marques sur les os des avant-bras, cela témoignant probablement d’un développement ontogénique des plumes durant la croissance des Ornithomimidés, les régimes de plumes n’existant donc pas à la naissance.

Et c’est-à partir de cette déduction que les auteurs de l’étude en arrivent à soutenir la théorie selon laquelle les ailes des oiseaux auraient initialement évoluer pour les «parades nuptiales» donc par simple sélection sexuelle! Pourquoi? Tout simplement parce que les Ornithomimidés représentent un clade de dinosaures théropodes plus éloigné des oiseaux que les autres dinosaures chez lesquels pareils rémiges étaient présents (voir diagramme ci-dessous)! Les auteurs de l’étude en déduisant donc que les rémiges sur les avant-bras ont donc précédés l’élaboration du vol et devaient donc probablement servir à autre chose comme par exemple à de probables Parades Nuptiales!

Phylogénie simplifiée des Dinosaures Saurischiens. Notez la position phylogénétique des Ornithomimidés pour lesquels les auteurs de l’étude pensent que ceux-ci possédaient des rémiges disposés de la même manière que ceux des oiseaux (Pennibrachia en vert sur le présent schéma). Vous notez également que le présent schéma montre qu’au sein du clade des Thérizinosauroïdés il n’existe pas de preuves de pareils rémiges et cela quand bien même les Thérizinosauroïdés sont généralement considérés comme étant plus proches des oiseaux que ne le sont les Ornithomimidés. Dès lors nous pouvons également soupçonner la présence de régimes chez les Thérizinosauroïdés ou alors à l’inverse émettre des doutes sur l’idée selon laquelle les Ornithomimidés avaient pareils régimes.

Bon ok si vous avez l’esprit critique vous avez deviné que le scénario évolutif pour l’évolution des ailes déduit à partir des présents fossiles d’Ornithomimidés, demeure pour le moins spéculatif. Souvenons-nous d’autres scénarios pour expliquer l’évolution des ailes des oiseaux, comme celui soutenant que les rémiges des avant-bras auraient pu faire office de «balancier» chez les petits dinosaures prédateur lors de la capture de leurs proies, voir même faire office de balancier lors de leur accouplement comme l’a suggéré non sans humour et pertinence Nicobola.

Bref difficile de valider de manière claire le moindre scénario évolutif à partir de ces fossiles d’Ornithomimidés! Pire des critiques et objections pertinentes aux spéculations de Darla K. Zelenitsky et al (2012) [1], ont déjà fait leur apparitions sur la blogosphère dinosauriennes, à ce titre en voici ci-dessous déjà deux, d’autres pourront éventuellement faire leur apparition ultérieurement.

1. Les Ornithomimidés étaient peut-être eux aussi des Maniraptoriens

Voici une objection intéressante car oui la position phylogénétique exacte des Ornithomimidés n’est pas certaine ainsi comme l’a très bien souligné Mickey Mortimer on ne peut pas exclure que les Ornithomimidés soient plus étroitement affiliés aux Oviraptorosauria et aux Paraves que ce qui est habituellement admis comme le montre le diagramme ci-dessous.

Contrairement au précédent diagramme cet arbre phylogénétique place le clade des Ornithomimidés comme étant plus proche des oiseaux que ne l’est le clade des Thérizinosauroïdés. Auquel cas cela impliquerait une origine des rémiges semblables à celles constituant les ailes des oiseaux, plus récente et peut-être même différente que celle défendue par Darla K. Zelenitsky et al (2012). [1]

Si c’est le cas nous pourrions même supposer que l’ancêtre commun des Ornithomimidés, des Oviraptorosauria et des Paraves, seraient des petits dinosaures à plumes similaires à Anchiornis huxleyi et déjà aptes au vol plané.c'est là un point de vue défendu notamment par Gregory S. Paul. Cependant d’un autre côté même si les Ornithomimidés étaient beaucoup plus apparentés aux oiseaux que ce qui est habituellement admis cela ne validerait non plus pas de manière flagrante la théorie de Gregory S. Paul, l’origine évolutive exacte des rémiges et donc des ailes des oiseaux demeurerait simplement aussi incertaine qu’elle ne l’est déjà actuellement.

Notons également que Mickey Mortimer se montre également assez critique vis-à-vis de la nomenclature appliqué aux différents fossiles de l’étude de Darla K. Zelenitsky et al (2012) [1]. Mickey Mortimer rappelant que les fossiles en question n’appartiendraient pas au genre Ornithomimus mais au genre Dromiceiomimus. Ce désaccord de Mickey Mortimer n’étant pas inintéressant mais ne changeant cependant pas grand-chose à la problématique discutée ici sachant que Dromiceiomimus appartient également au clade des Ornithomimidés.

2. Les plumes des Ornithomimidés étaient peut-être fort différentes de celles des ailes des oiseaux

C’est tout du moins ce que pense le paléontologue Andrea Cau! Ce dernier pensant que les «marques» sur les os des avant-bras sont certes de réelles «attaches» de plumes, mais que les dites plumes étaient peut-être forts différentes de celles constituant les régimes des ailes des oiseaux. En effet Andrea Cau défend la thèse selon laquelle les plumes d’Ornithomimidés, plumes auxquelles correspondent les dites marques, pourraient être de grandes plumes filamenteuses allongées semblables à celle du Thérizinosauridé Beipiaosaurus inexpectus. [2]

À gauche les os des avant-bras d'un des adultes d'Ornithomimus décrit par l'étude de Darla K. Zelenitsky et al (2012). [*]. On y observe les marques qui constituaient probablement des «attaches de plumes». À gauche les plumes fossilisés du  Thérizinosauroïdés nommé Beipiaosaurus inexpectus décrit par Xing Xua, Xiaoting Zheng and Hailu (2009). Le paléontologue Andrea Cau notant que la position des marques sur les ossements d'Ornithomimus sont davantage compatible avec la distribution des grandes plumes filamenteuses de Beipiaosaurus inexpectus qu'avec celle des rémiges de plumes des oiseaux.

Ainsi les «attaches de plumes» des Ornithomimidés étaient peut-être celles de grandes plumes filamenteuses allongées semblables à celle de Beipiaosaurus inexpectus et non pas des rémiges très semblables à ceux des ailes de nos oiseaux comme cela est le cas pour les Dinosaures Théropodes Maniraptoriens tels que Anchiornis huxleyi. Cependant si l'hypothèse d'Andrea Cau est plausible elle n'est non plus pas avérée et il est pour l'heure difficile pour ne pas dire impossible de trancher de manière définitive pour l'une des deux hypothèses en question.

Conclusion

Les deux fossiles analysés dans l’étude de Darla K. Zelenitsky et al (2012) [1] montrent indiscutablement que les Ornithomimidés avaient des plumes mais objectivement nous ignorons encore beaucoup de ces dernières et ne pouvons guère affirmer qu’elles formaient des rémiges semblables à celles des ailes de nos oiseaux actuelles. De plus même si cette dernière hypothèse s’avérait vrai la position phylogénétique des Ornithomimidés n’est pas absolument certaine et il faudrait donc demeurer extrêmement prudent vis-à-vis des hypothèses que nous pourrions formuler sur l’évolution des ailes des oiseaux. En revanche la présence «d’attaches de plumes» sur les avant-bras des Ornithomimidés prouve que ces derniers possédaient également des plumes déjà passablement complexes, c’est-à-dire plus «élaborés» que de simples filaments ou que de la simple «fourrure de plumes». À ce stade espérons que de future découvertes paléontologique permettra de nous répondre de manière claire à ces très intéressantes questions!

Références:

[1] Darla K. Zelenitsky et al (2012), Feathered Non-Avian Dinosaurs from North America Provide Insight into Wing Origins, Science

[2] Xing Xua, Xiaoting Zheng, and Hailu You (2009),, A new feather type in a nonavian theropod and the early evolution of feathers, Proceedings of the National Academy of Sciences