mardi 31 décembre 2013

Origine de l'Homme: Des alternatives «scientifiques» qui déchirent!


Une théorie alternative parmi tant d'autres

Encore un mois de Décembre où je fus fort occupé et ça ne va pas s'améliorer pour ce début 2014! Néanmoins voici un petit article qui pourrait en amuser certains. En effet vous vous souvenez de mon précédent billet où je m'excuses pour m'être fait dupé en relyant une fausse information? Eh bien hormis ma confiance excessive la duperie à également marché en raison de mon ignorance et plus exactement parce que je n'ai pas reconnu la photo d'une larve Phyllosoma. Mais ça ne me dédouane pas pour autant de ma naïveté car lorsque j'étais ado j'étais déjà un grand naïf séduit plus d'une fois par divers idées fantaisistes en rapport avec l'origine de l'Homme j'ai même été séduit par la thèse voulant que les pyramides étaient le fait d'Aliens ainsi que par d'autres écrits venant d'hurluberlus divers et variés (non je ne lisais pas pas des revues du type  «Nexus» mais la série «Stargate» m'avait alors salement influencé). Il faut dire que les idées fantaisistes tournant autour de l'Histoire ainsi que de la Préhistoire Humaine ce n'est pas cela qui manque! Aussi pour fêter la nouvelle année voici trois joyeuses perles fantaisistes concernant la Préhistoire et l'Origine de notre espèce, à lire après avoir terminer votre bouteille de champagne!

1. L’Homoncule marin notre ancêtre à tous!

C'est une thèse que nous devons à François de Sarre reprenant lui-même le flambeaux de la «Bipédie Initiale» déjà défendu avant lui par Bernard Heuvelmans et encore par d'autres avant ce dernier. La thèse défendue par François de Sarre stipule notamment que l’ensemble des tétrapodes descendent d’un «Homoncule marin» c’est-à-dire d’une créature ressemblant à ceci:

 L'Homoncule Marin
Si on en croit cette page Internet prenant partie pour cette amusante théorie, François de Sarre, au regard de sa dite Théorie, proposerait même une phylogénie alternative et révolutionnaire des vertébrés, phylogénie qui serait la suivante:

Admirez l’artiste!

Personnellement je ne peux qu’avoir de la sympathie et cela sans condescendance aucune pour François de Sarre car au final comment ne pas avoir une réelle admiration devant une telle audace?!

2. Neandertal ce monstre!

Cette deuxième thèse fantaisiste réitère-elle en revanche une vielle injustice que l’on croyait oubliée, une injustice faite à Neandertal jadis déjà représenté comme une brute épaisse à l’allure simienne. Je vous laisse visionner la vidéo déjantée du dénommé Danny Vendramini ci-dessous ça vaut le détour!



Ce qui est le plus agaçant c’est que Neandertal est présenté comme un ignoble prédateur par opposition à des Homo sapiens forcément raffinés et intelligents ayant vaincu ces monstrueux Neandertals par la force de leurs brillants esprits…Ben voyons! Hormis de dépeindre Neandertal comme plus simien qu’humain, aucune mention du fait qu’il enterrait ses morts ainsi que de tous les indices montrant qu’il ne différait probablement pas énormément d’Homo sapiens en terme d’intellect et même qu’il s’agissait même probablement d’Homo sapiens à part entière interféconds et ne différent pas énormément de nous génétiquement parlant ! [1]  Et même si cette andouille de Danny Vendramini admet notre probable interfécondité avec Neandertal c'est au final simplement pour se représenter des mâles Neandertaliens simiens et brutaux en train de kidnapper et violer des femelles Homo sapiens mais certainement pas l'inverse! Et pour en revenir à la manière dont est dépeint Neandertal physiquement voici comment Danny Vendramini justifie sa reconstitution:


Crâne de Néandertalien juxtaposé sur la silhouette d’un chimpanzé!

Comme l’a souligné le biologiste PZ Myers la présente juxtaposition ci-dessus est tout simplement merdique au vue de la position qu’aurait alors le trou occipital! Par ailleurs pas besoin d’être un anatomiste chevronné pour remarquer que le crâne de Neandertal est celui d’un humain à part-entière ne différant pas énormément du nôtre et mieux encore que certains humains modernes issus de tous les continents, ont même des crânes foutrement similaires en plusieurs points à ceux des Néandertaliens!

3. Les Hommes sont des porcs (dans tous les sens du terme)!

Et on termine en beauté par la thèse défendue par le généticien Eugene McCarthy auteur du site «macroevolution.net». Le titre et l’esthétique du site pourrait laisser penser que l’on a à faire à un site scientifique sérieux. Pourtant si l’on est initié à la cladistique on trouve tout de suite étrange la proposition du site voulant que les baleines descendent des Mosasaures! Mais il y a pire puisque l’auteur du site propose la thèse voulant que l’espèce humaine trouve son origine dans l’hybridation d’un singe avec un cochon thèse qui fut relayé par le Daily Mail!


Là encore PZ Myers avait déjà fait un détour pour réfuter cette joyeuse théorie et à donc constater que Madame Garrison de South Park existe bel et bien et qu’elle s’appelle donc Eugene McCarthy! Et franchement ce dernier a également toute ma sympathie!

Bref bilan de tout ça n’oubliez pas de relire cet article après consommation d’alcool si vous avez eu la mauvaise idée de le lire en étant sobre. En revanche si vous prenez le volant ne buvez pas! Lire ou conduire il faut choisir!

Référence:

[1] Richard E. Green et al (2010), A Draft Sequence of the Neandertal Genome, Science

jeudi 28 novembre 2013

Mea culpa

Un excès de confiance et beaucoup de naïveté, voilà comment j’ai cru au fake d’une connaissance virtuelle que je croyais pourtant digne de confiance. Un fake qui se basait sur un probable photomontage présentant la prétendue découverte d’un nouvel arthropode dont la position phylogénétique aurait été pour le moins surprenante. Apparemment l’auteur de cette «farce» a trouvé celle-ci des plus amusantes, grand bien lui fasse. Il faut dire que j’ai moi-même marché à fond, je me suis enthousiasmé et ai fait preuve d’une naïveté extrême! Bref j’ai été idiot!

La probable expression de mon visage quand j’ai découvert que j’ai été roulé dans la farine.*

Mais bon pas grave l’essentiel étant que la blague n’a pas été plus loin. Encore merci à Naldo du blog «Les Poissons n’existent pas» pour avoir rapidement démasqué le fake au moins celui-ci ne risque pas d’en mener d’autres en bateau! Je m'excuse d'avoir ainsi relayé, même pour une seule journée, une fausse info c'est la première et j'espère bien la dernière fois que cela se produit!

* La photo ci-dessus est celle du Joueur du Grenier dont je recommande vivement la chaine à tous les Nerds, Geeks et autres fans de jeux vidéos!

vendredi 25 octobre 2013

Un crâne qui simplifie l'évolution humaine?

Crâne du petit dernier découvert sur le site de Dmanisi. [1]

Récemment la découverte d’un nouveau crâne sur le célèbre site de Dmanisi en Géorgie a mis un saint coup de pied à l’arrière train de certains paléoanthropologues ayant la sale manie de nommer une nouvelle espèce d’Hominidé à chaque fois qu’ils découvrent un nouveau fossile. Ce fut d’ailleurs parfois le cas avec les premiers fossiles de Dmanisi souvent nommés Homo georgicus c’est-à-dire en usant d’une nomenclature habituellement réservée à une espèce à-part-entière. Or bien évidemment même si les divers représentant fossiles du genre Homo diffèrent de manière plus ou moins sensible rien ne permet d’affirmer qu’ils n’étaient pas interféconds. Rien ne permet souvent d’exclure le fait qu’ils aient pu être les simples «variations régionales» d’une seule et même espèce.



Exemple de construction phylogénétique de différents fossiles de représentants du genre Homo. Cette inférence phylogénétique basée sur les caractères morphologiques des dits fossiles n'est pas dénoué de tout fondement, mais hélas elle demeure hautement spéculative et incertaine car ayant des bases extrêmement fragiles lié à un faible échantillonnage et une ignorance des variations intra-spécifique et même intra-populationnelles. Car certains des représentants fossiles du genre Homo représentés ici pourraient appartenir à une seule et même espèce et avoir été reliés par de nombreux flux de gènes ce qui rendrait le présent arbre phylogénétique inexact et obsolète!

Plus généralement nous ignorons également les liens et distances de parentés entre les différents spécimens fossiles retrouvés et les hypothétiques populations auxquelles appartenaient ces derniers. Heureusement certains paléoanthropologues en sont parfaitement conscients et ne tombent pas de le travers consistant à nommer une nouvelle espèce à chaque nouveau fossile d’Hominidé trouvé. Ainsi je me souviens avoir lu une interview du paléoanthropologue Fred Spoor datant de 2007, dans laquelle il identifiait déjà les fossiles de Dmanisi comme étant ceux d’une simple variante régional d’Homo erectus et précisant que selon lui les variantes africaines d’Homo erectus souvent appelées Homo ergaster appartenaient probablement à la même espèce que celle des différents Homo erectus asiatiques, Homme de Dmanisi compris.



Reconstitution numérique de cinq crânes issus du même site de Dmanisi, on remarque que ceux-ci diffèrent de manière importante les uns des autres. Le petit dernier découvert (tout à droite) aurait été classé comme étant une espèce distincte s’il avait trouvé dans une autre région notamment dans un autre continent.
 
Gare aux conclusions hâtives

 
Or le petit dernier découvert à Dmanisi dans des strates estimés aux alentours de -1.8 millions d'années, pousse le bouchon encore plus loin, ce fossile rappelant que les représentants humains issu d’une même espèce (et non pas forcément des «variation régionales» très éloignés géographiquement) peuvent avoir d’importantes variations phénotypiques. [1] De plus sa petite capacité crânienne rapproche pas mal le petit dernier d’Homo habilis suggérant carrément selon certains que les fossiles d’Homo habilis devraient eux-aussi être ranger dans la même espèce ou la même lignée qu’Homo erectus. Ce qui est possible. Malheureusement cela semble pousser les auteurs de la publication de la revue «Science» décrivant le fossile, à un léger raccourci. En effet ils suggèrent que les premiers représentant du genre Homo ne formerait qu’une seule et même lignée humaine! Quand j'ai lu ceci j'ai instictivement pensée à cela:


 
Or bien sûr cela est faux! Et heureusement les auteurs de la publication en question ne souscrivent pas à une vision aussi caricaturale et simpliste de l'évolution de la lignée Humaine. Le truc c'est que par «lignée» les auteurs semblent entendre «espèce», c'est-à-dire ici un ensembles de différentes populations interfécondes fussent-elle phylo-géographiquement passablement éloignée les unes des autres. Or bien évidemment le terme «lignée» ne renvoie en réalité à aucune subdivision précise pas plus que le terme «population». Ainsi deux familles issues d’un même village peuvent être considérées comme deux lignées distinctes. Mais personnellement dans le cadre d'une discussion sur l'évolution humaine, par «lignées» j’entendrais plutôt deux ou plusieurs populations humaines séparées par plusieurs dizaines ou même centaines de milliers d’années d’évolution avec ce que ça comporte comme divergences génétiques et probables divergences phénotypiques malgré l'interfécondité des populations en question. Et la découverte de ce nouveau fossile ne permet en rien de stipuler qu’une seule lignée humaine existait à l’époque selon cette dernière définition et cela quand bien même les différentes lignées étaient probablement interfécondes. Et donc rien ne permet d'affirmer que certaines de ces lignées n'aient pas disparues sans laisser de descendance. À ce titre je renvoie les lecteurs intéressés au très intéressant et tout aussi excellent billet du paléoanthropologue John Hawks à ce sujet! Vous remarquerez que même en partant du principe réaliste et probable voulant que toutes les populations du genre Homo aient été interfécondes, rien ne permet d'affirmer que nous pouvons résumer le début de l'évolution du genre Humain à une seule lignée (si l'on a en tête la définition du mot «lignée» que j'ai donné ci-dessus). Et encore moins affirmer comme le rapportent certains médias, que notre évolution serait plus simple que ce que l'on pensait jusqu'alors, encore une fois voir cet excellent article de John Hawks pour faire la part des choses!

Une nécessaire prudence

De plus la prudence que nous devons avoir face à cette nouvelle découverte est de mise car certes il est tout à fait possible et même probable que les fossiles de Dmanisi appartiennent à la même espèce ou mieux encore à une seule et à une même lignée humaine. Mais il est également possible qu’ils appartiennent à des représentants d’au moins deux populations humaines déjà passablement divergentes l’une de l’autre. Après tout à titre de comparaison Neandertal et Homo sapiens ont probablement partagé les mêmes territoires en Europe et au Moyen-Orient par le passé. Et même s’ils étaient probablement interféconds ils représentaient deux populations humaines qui avaient déjà passablement divergé l’une de l’autre par le passé. Aussi rien ne nous permet d’exclure que nous avons sur le même site, des représentant du genre Homo appartenant à des lignées bien distinctes séparées par plusieurs centaines de milliers d’évolution.


À gauche crâne d'Homme Anatomiquement Moderne à droit crâne de Néandertalien. Les Hommes anatomiquement modernes se sont probablement métissés dans une certaine mesure avec les Néandertaliens, l’ADN de ces derniers se baladant très probablement toujours au sein des populations humaines actuelles. [2] Pour autant nous pouvons malgré tout considérer Sapiens et Neandertal comme deux lignées différentes et cela même si ces deux lignées ne se sont pas formellement séparées l’une de l’autre (avec peut-être de grosses surprises quant au relations phylogéographiques des différentes sous-populations de Neandertal et de Sapiens de l’époque). Cela a pu être le cas pour les représentants antérieurs du genre Homo tels que Homo habilis et Homo erectus.

Ainsi que les fossiles de Dmanisi appartenaient au non à une seule et même lignée et/ou population humaine, l'évolution du genre humain fut probablement complexe avec des populations se déplaçant, divergeant génétiquement, se retrouvant, entrant en compétition les unes aux autres, certaines en remplaçant d'autres tout en se mélangeant avec elles dans une certaine mesure et ainsi de suite. Un peu comme ce que soupçonnent les scientifiques avec les Hommes Anatomiquement Modernes et Neandertal.


Le Boxeur Russe Nikolay Valuev demeure un excellent rappel quant à la variabilité morphologique importante que l’on peut trouver au sein d’une seule et même population humaine!

Mais donc une fois ces dernières mises au point faites, les fossiles de Dmanisi nous rappellent que les membres d’une même population et donc d’une même lignée peuvent différer de manière importante sur le plan morphologique. Cela rendant hautement spéculatives et incertaines certaines constructions phylogénétiques et taxonomiques faite à partir des quelques fossiles d'Hominidés dont nous disposons aujourd'hui!
 
Références:

[1] David Lordkipanidze et al (2013), A Complete Skull from Dmanisi, Georgia, and the Evolutionary Biology of Early Homo, Science
 
[2] Richard E. Green et al (2010), A Draft Sequence of the Neandertal Genome, Science

lundi 30 septembre 2013

En attendant du changment....


Rédaction de thèse, obligations familiales, boulot, manque chronique de someille voilà quelques petites choses parmi tant d'autres qui m'empêche de consacrer suffisamment de temps à mon blog depuis de nombreuses semaines déjà (sans parler d'une visite au CERN à laquelle j'ai dû renoncer)... En attendant que ma vie s'appaise quelque peu, voici quelques liens que je partage avec les quelques lecteurs qui passeraient par ici:

Quelques nouvelles du côté des Sciences de la Vie:





Deux articles de blogs anglo-saxons qui mettent certaines choses au point




Du côté du «C@fé des Sciences»:




Oui je n'ai pas eu le temps de lire énormément d'articles des autres membres du «C@fé des Sciences» à l'exception de ces trois ci-dessus que j'ai par ailleurs beaucoup apprécié. Donc voilà voilà pour la contribution du moment j'espère pouvoir consacré très bientôt davantage de temps  mon blog merci à tous mes lecteurs ainsi qu'à mes critiques et à l'équipe du «C@fé des Sciences».

lundi 26 août 2013

Erreurs, critiques, et conneries!


La rédaction de ma thèse prenant davantage de temps que je ne l’avais initialement imaginé, je ne peux guère alimenter correctement mon blog. Par chance une connaissance virtuelle du site «rationalisme.org» m’a gratifié de constructives critiques pour au moins deux articles de mon présent blog. Et comme on ne progresse pas sans s’exposer à la critique autant les retranscrire ici tant bien que mal avec mes mots en espérant être fidèle à ces dernières.

Ce n’est pas la sélection naturelle, ce n’est pas la dérive génétique donc c’est….

Dans ce précédent article j’étais revenu sur l’importance que pouvais revêtir la dérive génétique, notamment sur le fait que celle-ci pouvait expliquer la proportion relativement importante d’allèles plus ou moins délétère chez certaines populations humaines. Hélas je me suis en partie planté dans certaines de mes explications/illustrations. Ainsi j’ai par exemple cité l’exemple de Gengis Khan (qui a eu de nombreux descendants) pour illustrer l’expansion d’allèles sans que ceux-ci aient se soient répandus car «codant» un hypothétique phénotype ayant pu être positivement sélectionné. Le problème c’est que je me suis servi de cet exemple de Gengis Khan pour illustrer la très grande importance que pouvait avoir la dérive génétique dans les changements de fréquence allélique. C’est vrai la dérive génétique peut grandement impacter les fréquences allélique, problème l’exemple de Gengis Khan n’est pas vraiment celui d’une dérive génétique tout comme elle n’est pas vraiment l’exemple d’un cas de sélection naturelle!

Mais alors c’est quoi? Je n’ai pas trouvé de terme approprié pour décrire la chose, tout ce que nous pouvons dire c’est que parfois, notamment au sein de l’espèce humaine, certains allèles peuvent se répandre massivement pour des raisons politiques, sociales et/ou militaires, sans que les dits allèles n’aient un quelconque effet phénotypique conférant un quelconque avantage aux organismes qui les possèdent! Certes les plus avisés ont déjà entendu parler de «Genetic Hitchhiking» ou «Genetic Draft», c’est-à-dire d’allèles neutres ou même faiblement délétères augmentant en fréquence parce qu’associés à des allèles conférant eux de réels avantages à l’organisme. Mais ici c’est encore différent car nous parlons donc d’allèles augmentant massivement en fréquence pour des raisons autre, à savoir ici sociales ou politiques bref pour des caractéristiques acquises et non innées. Ainsi cette année il y avait une intéressante publication sur une mutation nommée EDAR370A (qui donc est un allèle spécifique du gène nommé EDAR) responsable de certaines caractéristiques physiques de nombreux asiatiques (notamment une poitrine féminine réduite, des cheveux plus épais et un nombre plus important de glandes sudoripares) [1], et qui aurait par le passé c’est-à-dire il y a moins de 30'000 ans, rapidement augmenter en fréquence. Bien évidemment les chercheurs ont tout de suite poser l’hypothèse voulant que l’allèle se serait répandu via un mécanisme sélectif mais est-ce vraiment le cas? Alors sélection naturelle, dérive génétique, «Genetic Draft» ou simple expansion de l’allèle suite à des expansions démographique ayant des causes purement «culturelles»? On ne peut pas vraiment le savoir!


 
Carte présentant la distribution géographique de l’allèle EDAR370A! Comment expliquer l’expansion de la mutation EDAR370A en Asie de l’Est? La seule réponse honnête que l’on peut donner est qu’on ne sait pas pourquoi cet allèle s’est répandu!

Bref dans certains cas ce n’est pas de la dérive génétique mais ce n’est pas vraiment de la sélection naturelle non plus, donc c’est….Je laisse les éventuelle personnes avisées donner le terme adéquats à ces événements particuliers impactant de manière importante la distribution des allèles au sein des populations humaines ou non.

La sélection hiérarchique de SJ. Gould, une insipide pirouette rhétorique?

 Stephen Jay Gould était capable du meilleur comme du pire!

La présente question mérite également d’être posée en effet dans ce précédent article j'avais exposé et même, à mes dépends, pris partie en faveur de la Théorie hiérarchique de Stephen Jay Gould. Et comme je pouvais m’y attendre ma connaissance virtuelle précédemment mentionnée, n’y est pas allé par quatre chemins en soulignant que la théorie hiérarchique de SJ. Gould, celle consistant à considérer les espèces comme des entités individuelle en parlant de «Sélection de l’Espèce», semble avant tout un insipide abus de langage rhétorique comme son histoire de «poissons optimal» opposé au «poisson médiocre» aux pages 929 et 930 de son «Opus Magnum». [2] Ces abus de langage rhétorique venant probablement du fait que SJ. Gould en tant que paléontologue collait des termes comme «naissances», «durée» de vie et «mort» sur les espèces qu’il identifiait dans le registre fossile (on peut rajouter que déterminer des espèces dans le registre fossile n’est pas sans poser certains problèmes). Or si ces termes peuvent paraître légitime comme illustrations métaphoriques c’est autre chose en matière de concept théorique. Certes j’avais mentionné l’exemple des tigres infanticides en montrant que si la sélection naturelle favorisait individuellement les tigres tuants les petits qui n’étaient pas de lui, il maximisait alors son succès reproductif mais que cela pouvait en contrepartie nuire à l’espèce à partir du moment que celle-ci voit ses territoires disponibles se réduire dangereusement. Problème j’avais omis qu’au final la sélection se pratique néanmoins sur les individus et non pas sur l’espèce entière sachant que dans mon exemple le tigre infanticide voit certes son succès reproducteur augmenté mais en contrepartie et toujours au niveau de l’individu, le tigre dont les petits ont été tués voit son succès reproducteur diminuer. Dit autrement avons-nous besoin d’une conception hiérarchique? Peut-être, encore faudrait-il la définir mieux que l’a fait SJ. Gould, ce dernier se laissait souvent aller à de pompeuses et illisibles digressions rhétoriques. De plus même en admettant qu'un fait connu, à savoir que l’air de répartitions des populations d’une espèces, les flux de gènes entre elles, etc, etc..., puisse avoir un impact positif ou négatif sur le succès à long terme de la dite espèce, au final ce sont toujours les individus qui sont soumis à des pression sélectives, ce sont les individus qui sont adaptés ou non à d’éventuels changements de milieux et qui laissent in fine ou non des descendants.

Je m’arrêterais là pour la brève critique de ce qui fut probablement le pire de SJ. Gould par opposition à ses intéressantes réflexions sur les contraintes développementales et ses critiques du «programme adaptationniste».

Toi aussi repousse les chemtrails avec du vinaigre!

Ben oui après avoir admis mes erreurs et bourdes autant soulager mon égo blessé en rappelant qu’il y a pire que ma petite personne (oui je sais il y a aussi mieux beaucoup mieux même), ci-dessous une vidéo qu’avait généreusement posté CerberusXt de Nioutaik, montrant une femme pensant repousser les méchants pas beaux chemtrails situés à des kilomètres (à haute altitude) de sa maison, en giclant de l’acide acétique dans son jardin!

 
Top 6 des théories du complot les plus ridicules du monde

À ce titre notez l'état de la pelouse de la dame! Coïncidence? Je ne pense pas! De quoi douter de l’espèce humaine!

Références:

[1] Yana G. Kamberov et al (2013), Modeling Recent Human Evolution in Mice by Expression of a Selected EDAR Variant, Cell

[2] Stephen Jay Gould (2002), La structure de la théorie de l’évolution, Éditions Gallimard 2006

mercredi 24 juillet 2013

Vers une expansion hiérarchique de la Théorie de l'Évolution?


Stephen Jay Gould théoricien de l'expansion hiérarchique de la Théorie de l'Évolution

Étant en pleine rédaction de thèse je n'ai pratiquement plus de temps pour me consacrer à mon blog, par chance j'ai réussit à en trouver pour y balancer quelques réflexions suite à la lecture d'un très intéressant article du paléontologue Donald Prothero [1]. Dans cet article Donald Prothero revient sur l'influence scientifique du regretté Stephen Jay Gould dans le domaine de la paléontologie ainsi qu'en biologie de l'évolution en général. Donald Prothero mentionne notamment une des théories majeures, mais souvent omise de S.J. Gould, à savoir un découplage de la micro et de la macro-évolution et plus généralement une expansion hiérarchique de la théorie de l'évolution.

«The gradual adaptation of fruit flies and Galapagos finches may be good examples of short-term microevolutionary change, but they simply do not address what the fossil record has shown for over a century. This only became apparent when Gould, Eldredge, Stanley and others began to talk about species sorting, decoupling microevolution from macroevolution, and the importance of hierarchical thinking in evolutionary biology. Many neontologists appear to maintain a relentlessly reductionist attitude for no apparent reason. Meanwhile, the hierarchical expansion of evolutionary theory has enjoyed widespread support among philosophers as well as paleontologists (Salthe 1985; Eldredge 1985b; Okasha 2006; Wilson and Wilson 2007; Jablonski 2000, 2007, 2008a).» Donald Prothero [1]

Mais qu'est-ce donc que cette expansion hiérarchique de la théorie l'évolution? Il y aurait énormément à dire sur cette dernière mais pour résumé il s'agit notamment de l'idée voulant que la sélection naturelle opère à différent niveaux. Mais concrètement qu'est-ce qu'une sélection multi-niveaux? Eh bien pour le savoir il faut se souvenir que classiquement en biologie de l'évolution on considère que les individus sont les seules véritables «unités de sélection». Certes les personnes avisées en biologie de l'évolution ont entendu parler de la sélection de parentèle conceptualisé par le regretté William D. Hamilton ainsi que le gène égoïste de Richard Dawkins où ce sont les gènes qui ont le beau rôle comme «unité de sélection». Cependant avec sa théorie Stephen Jay Gould va bien plus loin en stipulant que la sélection pouvait avoir lieu à de multiples niveaux à savoir des gènes aux espèces en passant par les individus et les populations d'une même espèce. Et loin d'être séparés ces différentes niveaux de sélection s'emboiteraient joyeusement les uns dans les autres.

Petit rappel imagé concernant des notions de Micro-évolution et de Macro-évolution mentionnées plus haut, la première se référant à l'évolution au sein des espèces, la seconde au-delà du niveau de l'espèce. Bien évidemment il n'y a pas de limite nette dans cette dichotomie théorique surtout lorsque l'on sait que la barrière de l'espèce peut-être elle-même extrêmement floue dans la nature.

Mais donc qu'est-ce concrètement une sélection «au niveau de l'espèce»? Car certes on pense immédiatement à une espèce supplantant une autre dans une niche écologique donnée, mais donc pas besoin forcément d'invoquer une sélection au niveau de l'espèce (quoi qu'on entende exactement par-là) car cela peut simplement signifier que les individus d'une espèce sont mieux adaptés à la dite niche écologique que les individus de la seconde espèce, et donc c'est toujours l'individu qui est la véritable «unité de sélection» et non l'espèce, rien qui ne nécessite de se prendre la tête avec l'idée d'une sélection multi-niveaux. Et il faut dire que pendant longtemps j'avais moi-même du mal à savoir ce que Stephen Jay Gould entendait par-là! Mais qu'on se rassure il est possible de comprendre ce que SJ. Gould entendait par «sélection entre espèce» ou «sélection au niveau de l'espèce» en se référant à des exemples concrets.

Les tigres infanticides

C'est en regardant un reportage animalier comme il en existe tant, que j'ai me semble-t-il, en bonne parti compris ce que pouvait être concrètement et véritablement une sélection au niveau de l'espèce et en quoi cette idée et/ou notion pouvait être utile en biologie de l'évolution ainsi qu'en écologie. Ce reportage animalier concernait les tigres du sous-continent indien. De nombreuses populations de tigres sont menacées par les activité humaines et leurs expansions dans des lieux jusqu'alors relativement préservés. Or ce reportage relatait les observation d'une population de tigre dans une région donnée par une équipe de scientifiques s'inquiétant à juste titre, de la survie de la dite population. Or si les activité humaines sont déjà une menace pesante pour leur survie, les tigres sont victimes d'une autre menace dont les responsables sont.....les tigres eux-mêmes! En effet à chaque fois qu'une tigresse donnait naissance à des petits, les scientifiques s'alarmaient à juste titre du risque de voir les petits tigres tués par un mâle adulte. Les mâles tuant les bébés tigres qui ne sont pas les leurs afin que la femelle soit de nouveau disposée à s'accoupler. Ce comportement qui nous semble cruel est en réalité une «stratégie évolutive» des plus rationnelles du point de vue sélectif, car cela permet au mâle infanticide de maximiser sa valeur sélective! Problème ce qui est bon pour l'individu est ici désastreux pour la population de tigres dans son ensemble et peut-être même pour l'espèce toute entière, car dans le contexte d'une expansion humaine réduisant les territoires disponibles et la taille des populations de tigres, ce comportement infanticide risque fort de contribuer à l'extinction des populations en question!

Les bébés tigres ont beau être mignons un tigre mâle adulte n'hésiterait pas à les tuer froidement pour obtenir les faveurs sexuelles de leur mère.

Et maintenant imaginez une espèce de félin, ou même une population particulière de tigres, dont les mâles n'ont pas ces mœurs infanticides. Cette population de félins n'aurait-elle pas davantage de chance de survivre au réductions territoriales imposées par les activités humaines? Ces félins hypothétiques survivraient mieux que les tigres non pas parce qu'ils seraient mieux adaptés en tant qu'individus, mais bel et bien parce qu'ils seraient mieux adapté en tant qu'espèce! C'est-à-dire que les interactions entre individus, interactions ne comprenant pas l'infanticide d'une progéniture qui n'est pas sienne, ne pèse pas sur le renouvellement démographique de la population. Au niveau individuel un mâle de ce félin hypothétique est certes moins performant en terme de valeur sélective qu'un tigre mâle infanticide, mais au niveau collectif ce félin hypothétique est, en tant qu'espèce, plus apte à survivre dans le difficile contexte imposée par la civilisation humaine.

Cet exemple en partie hypothétique (uniquement en partie car ayant une base factuelle et logique), permet d'entrevoir de manière claire et concrète ce que Stephen Jay Gould entendait par sélection au niveau de l'espèce et mieux encore l'importance des propriétés émergentes dans la compréhension de l'évolution du vivant. Les populations et les espèces sont davantage que la somme des individus qui les constituent (c'est le principe même de l'émergence), les interactions entre ces derniers sont source de propriétés émergentes qui sont susceptibles d'être elles-mêmes sujettes à une sélection darwinienne. Dès lors la théorie de Stephen Jay Gould sur une sélection s'effectuant à différents niveaux (gènes => individus => populations => espèces) semble bel et bien avoir sa pertinence, les différents niveaux de sélection ne s'excluant pas mutuellement mais interagissent les uns avec les autres de manière complexe.

Gastéropodes marins et spéciations

L'autre aspect majeur de la théorie de SJ. Gould est que les propriétés émergentes de certaines espèces/clades, sont susceptibles d'affecter le «taux de spéciation», des espèces/clades concernés. SJ. Gould expose la chose de la manière suivante:

«Un trait attaché à la structure des populations conduisant à une faible fréquence d'isolement des nouveaux dèmes, doit nécessairement être considéré comme une caractéristique propre aux populations, si l'on se fie au sens normal des mots. [...] Les organismes ne donnent pas lieu individuellement à des spéciations; seules les populations le font: par conséquent, le caractère en question appartient bien à l'espèce.» Stephen Jay Gould [2]

Vous ne voyez pas ce que SJ. Gould veut dire par ces présents propos? Pas grave il illustre ces derniers en se référant à une publication d'Anthony J. Arnold et Kurt Fristrup (1982) [3] comparant deux clade de gastéropodes marins, l'un constitué d'espèces planctotrophes (dont les larves se nourrissent de planctons) et l'autre d'espèces non-planctotrophes (utilisant ses réserves vitellines pendant sa croissance). AJ. Arnold et K. Fristrup soulignant que les espèces non-planctotrophes sont davantage sujettes aux événements de spéciation car leur mode de reproduction impose des structures populationnelles davantage propices aux spéciations allopatriques que les espèces planctotrophes qui elle ont tendance à avoir une «population effective» plus importante et donc moins de spéciations allopatriques. Cette constatation est l'exemple même d'une propriété émergente au niveau de l'espèce car quelle que soit la valeur sélective des individus non-planctotrophes par-apport à celle des individus planctotrophes, ce n'est pas de cette valeur sélective individuelle que découle la plus grande fréquence des spéciations chez les premiers par-apport aux seconds. La raison se situe ici au niveau des populations et même des espèces et c'est cette particularité propre à l'espèce dans son ensemble qui sera sujette à une forme de sélection, à savoir ici la plus grande diversification des non-planctotrophes par-apport aux planctotrophes.

Rappel simplifié de quelques dynamiques/modes de spéciation. Les spéciations peuvent avoir différentes causes, l'une d'entre elle étant la manière dont les populations se subdivisent et/ou répartissent. Selon Anthony J. Arnold et Kurt Fristup (1982) [3] chez les gastéropodes marins, les espèces non-planctotrophes auraient en raison même de leur mode de reproduction des distributions populationnelles davantage propices aux spéciations que les gastéropodes marins planctotrophes.

Bien évidemment n'étant de loin pas la personne la mieux renseignée sur les stratégies de reproduction et l'évolution des gastéropodes, j'ignore si cet exemple particulier doit être nuancé et si oui dans quelle mesure. En revanche le fait que certaines espèces/taxons, ont des structures populationnelles davantage susceptibles de favoriser les événement de spéciations, n'a rien de surprenant et l'impact que cela pourrait avoir dans le succès évolutif des lignées a fort «taux de spéciation» par-apport à celles moins affectées par ce genre d'événements, mériterait qu'on s'y intéresse de près. D'ailleurs les paléontologues n'ont-ils pas déjà des informations susceptibles de donnée du poids à la théorie de SJ. Gould? Personnellement je l'ignore cependant si l'on en croit Donald Prothero, les théories de SJ. Gould aurait un assentiment assez répandu chez les paléontologues. Cependant si un des lecteurs du présent blog aurait davantage d'informations à ce sujet qu'il n'hésite pas à les communiquer.

Je termine donc ici cette brève description de la théorie soutenant la nécessité d'une expansion hiérarchique de la Théorie de l'Évolution et laisse le soin à tout à chacun de se faire son idée sur la question voir même de la nuancer et de la critiquer. Dans tous les cas il me semble (mais peut-être que je me plante complètement) que cet apport théorique de Stephen Jay Gould est souvent mal-compris et/ou ignoré ce qui serait dommage car elle demeure malgré sa possible inexactitude, une de ses contributions théoriques les plus intéressantes en biologie de l'évolution.

Addendum: Je suis en pleine échange avec une connaissance virtuelle câlée en biologie pas convaincue du tout par l'utilité et la réalité de l'apport théorique de Stephen Jay Gould discutée ici (et cela quand bien même la dite personne reconnait la pertinence de SJ. Gould sur d'autres sujets). Mes échanges avec cette personne étant en cours, je ne peux encore en faire une synthèse. Cependant celle-ci m'a déjà rappelé à jsute titre que le découplage «microévolution» et «macroévolution» a précédé SJ. Gould et fut apparemment le fait d'un entomologiste Russe nommé Iuri'i Filipchenko en 1927 déjà et cela apparemment dans le cadre d'une distinction d'une évolution à court terme (microévolution vue comme darwinienne mais d'une évolution à long terme perçu commme obéissant à une sorte d'orthogenèse. Il faudrait cependant vérifié plus en détails si c'est réellement ce que théorisait ce scientifique russe dans son découplace entre microévolution et macroévolution. Stephen Jay Gould reprend ce découplage, qui fut déjà repris par d'autres avant lui, mais ne propose bien évidemment pas que la macroévolution soit le fait d'une hypothétique orthogenèse.

Références:

[1] Donald Prothero (2009), Stephen Jay Gould: Did He Bring Paleontology to the “High Table”?, Philosophy and Theory in Biology

[2] Stephen Jay Gould (2002), La structure de la théorie de l'évolution, Éditions Gallimard 2006

[3] Anthony J. Arnold et Kurt Fristrup (1982), The theory of evolution by natural selection: a hierarchical expansion, Paleobiology

samedi 1 juin 2013

Origine des oiseaux: Une solution nommée Aurornis xui?

 Reconstitution d'Aurornis xui

En bon fan des dinosaures, et plus encore des dinosaures à plumes, je n'ai guère pu passer à côté de la récente publication consacré à un nouveau venu, le dénommé Aurornis xui! Et comment le rater au rgard du titre de la publication qui lui est consacrée, à savoir:«A Jurassic avialan dinosaur from China resolves the early phylogenetic history of birds» [1]! Rien que cela!

C'est donc sans hésiter j'ai sauté sur la publication en question en allant directement observer la phylogénie proposée. Et effectivemment c'est du lourd, car le dénommé Aurornis xui serait le représentant le plus basal des Avialae! En d'autre terme et pour ceux qui aiment que l'on soit clair Aurornis xui serait l'Avialae connu qui serait le plus proche (phylogénétiquement parlant) du dernier ancêtre commun partagé par les Troodontidés (comme Troodon) et Archaeoptéryx. Plus fort encore les Troodontidés seraient eux-même phylogénétiquement plus proches des oiseaux qu'il ne le sont des Dromaeosauridés (comprenant notamment le célèbre Vélociraptor). Donc «exit» le taxon des Deinonychosauriens qui devient alors paraphylétique! Mieux Aurornis xui, non seulement par sa position phylogénétique mais également de par sa morphologie (bon faut dire que la première est déduit de la seconde), serait un excellent modèle de ce à quoi devait ressembler le dernier ancêtre commun des Avialae, en question! Et histoire de bien comprendre tout cela observons la phylogénie proposé par l'étude en question!

Diagramme phylogénétique des Paraves selon la nouvelle étude de Pascal Godefroit et al (2013), notez la position d'Aurornis xui à la base du taxon des Avialae, donc tout près du dernier ancêtre commun d'Archaeoptéryx (et plus généralement de l'ensemble des oiseaux) et des Troodontidés. Notons aussi la position d'Anchiornis huxleyi parmi les Avialae et non pas parmi les Troodontidés où il fut précédemment classé [2]. Et surtout notez que les Troodontidés sont classés comme étant phylogénétiquement plus proches des oiseaux que des Dromaeosauridés! Enfin notez la position de Balaur bondoc initialement classé parmi les Dromaeosauridés mais qui se retrouve ici parmi les Avialae. Mais bon concernant Balaur bondoc j'en rediscuterai à la fin du présent message

Il faut dire que pour cette nouvelle étude nous sommes particulièrement gâtés, car un des coauteurs de celle-ci n'est autre qu'Andrea Cau paléontologue italien et blogueur actif de la blogosphère dinosaurienne! Et comme on pouvait s'y attendre Andrea Cau amène diverses précisions concernant son étude sur son excellent blog! En effet concernant la morphologie d'Aurornis xui, Andrea Cau précise que la morphologie de ce dernier est extrêmement semblable au modèle hypothétique nommé Proavis qu'avait proposé Gregory Scott Paul comme représentant le plus basal de la gente avienne! Ce modèle pro-avien hypothétique datant de 2002, se basait alors déjà sur les divers critères morphologiques des Paraves alors connus à l'époque, afin d'estimer ce à quoi devrait probablement ressembler le dernier ancêtre commun des Avialae et des autres Paraves.

Comparaison du «modèle hypothétique» de Proavis de Gregory Scott Paul en (A) et du squelette d'Aurornis xui en (B). Andrea cau note que ces deux spécimen l'un hypothétique et l'autre réel, ont des proportions étrangements similaires, cela le confortant dans l'idée qu'Aurornis xui soit effectivemment le plus basal représentant du clade des Avialae! Notons que ce potionnement phylogénétique d'Aurornis xui, repose également sur l'analyse de nombreux caractères morphologiques!

Tout cela semble donc étrangement concordant et donc ferait bel et bien d'Aurornis xui, le représentant le plus basal des Avialae connu à ce jour! Cependant l'étude vient tout juste de paraître et souvenons-nous que ce n'est pas la première fois que la découverte d'un nouveau dinosaure à plumes remet en cause les phylogénie précédentes. Comme l'avait souligné Lawrence M. Witmer les différences espèce du groupe des Paraves vont nous paraître de plus en plus similaires les unes aux autres au fur et à mesure que nous nous rapprocherons de leur ancêtre commun. [3] Mais cela risque également de complexifier les reconstructions phylogénétiques et on le voit bien aujourd'hui, puisque que ce n'est pas la première fois que la découverte d'un nouveau dinosaure à plumes remet en cause la position phylogénétique de dinosaures à plumes y compris celle du très célèbre Archaeoptéryx! [4]

Balaur bondoc, What the fuck?

Pour ceux qui l'ignoreraient Balaur bondoc est un mystérieux Maniraptorien se caractérisant notamment par un Hallux anormalement grand. Balaur bondoc fut initialement classé comme étant un Dromaeosauridé atypique en raison même de la «faucille» caractéristique des Dromaeosauridés que forme la griffe de son deuxième doigt de pied! [5] Or dans la présente étude  Pascal Godefroit et al (2013) voilà maintenant que nous retrouvons Balaur bondoc classé parmi les oiseaux et pas parmi les plus basaux de ces derniers puisqu'il serait même phylogénétiquement plus proche de Sapeornis que d'Archaeptéryx! Andrea Cau comprend que ce revirement phylogénétique puisse surprendre mais pourtant assure que c'est ce qui ressort d'une pris en compte d'un grand nombre de caractères et souligne à juste titre que ce n'est pas la première fois que des scientifique reclassent Balaur bondoc parmi les oiseaux! Pour autant concernant Balaur bondoc je suis doublement sceptiques parce que ce fossile est la fois très atypique et très incomplet et donc je pense que l'on aurait mieux fait de s'abstenir de le prendre en compte dans cette étude de Pascal Godefroit et al (2013), mais bon je peux me tromper!

Ossements et reconstitution partielle de Balaur bondoc, on remarque ses caractéristiques particulières que sont une réduction du troisième doigts de ses membres antérieurs, ainsi que son doigt de pied numéro 1 (Hallux), très développé tellement développé qu'il rappelle la «faucille» formés du deuxième doigts.

Et donc sans rejeter la reconstruction phylogénétique proposé ici par Pascal Godefroit et al (2013), je pense qu'il nous faut rester très prudent car il ne serait guère surprenant que très prochainement le fossile d'un nouveau Paraves ne bouleverse de nouveau la phylogénie de ces derniers! Aussi dès à présent j'attends avec impatience les futures réactions et commentaires des divers scientifiques de la blogosphère dinosaurienne. Les reconstructions phylogénétiques d'Andrea Cau seront peut-être vertement critiquées bien que je pense que certains afficheront simplement un très sain scepticisme sans pour autant nier la possibilité voir même la probabilité non-négligeable qu'Aurornis xui soit réellement un représentant basal du clade des Avialae! Nous verrons bien dans tous les cas un nouveau venu parmi les dinosaure à plumes c'est toujours une bonne nouvelle qu'on se le dise!

PS: Merci au rédacteur de Sciences & Avenir qui a cité mon précédent article sur la position incertaines d'Archaeoptéryx! Petite mise au point cependant si l'auteur de l'article concerné venait à me lire: Vous dites que Archaeoptéryx est présenté comme un ancêtre dans ce diagramme, or cela est inexacte, Archaeoptéryx est simplement présenté, à juste titre, comme un oiseau basal disparu, à savoir une lointain cousin, mais non un ancêtre direct à proprement parler.  Il en va de même pour  Aurornis xui, que vous présentez comme un ancêtre alors qu'il n'est probablement lui aussi qu'un proche cousin de l'ancêtre commun des Avialae et par extension proche de l'ancêtre commun des oiseaux et des Troodontidés. Car même si il est théoriquement possible qu'Aurornis xui soit un ancêtre direct il est bien plus probable qu'il ne soit qu'un cousin qu'un réel ancêtre des oiseaux.

Références:



[3] Lawrence M. Witmer (2009), Feathered dinosaurs in a tangle, Nature


[5] Zoltán Csiki et al (2010), An aberrant island-dwelling theropod dinosaur from the Late Cretaceous of Romania, Proceedings of the National Academy of Sciences

mercredi 1 mai 2013

Poiscaille versus Dessein Intelligent

La théorie de l'évolution selon Madame Garrison de South Park! Cliquez ici pour voir la vidéo!

Je suis masochiste je ne peux m'empêcher de me faire du mal! Non pas en me mutilant à l'aide de lames de rasoire ou en m'amusant à éteindre des cigarettes sur mon avant-bras, non je fait bien pire et plus tordu que cela puisque je me force à lire toutes les salades pseudo-scientifiques réparties un peu près partout sur le Net! Ainsi je consulte souvent les sites des créationnistes adeptes du «Dessein Intelligent», j'y ai déjà consacré divers articles. Or récemment un article particulièrement amusant du créationniste Casey Luskin sur les Cœlacanthes, a attiré mon attention. Peu après la publication de cet article clownesque, le biologiste PZ Myers publia une réfutation détaillée des inepties de Casey Luskin. Au départ je n'avais pas pensé rédiger un billet sur ces joyeuses inepties créationnistes, cependant un détail a attiré mon attention. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet voyons dans quel contexte de situe cette amusante prise de tête.


Cœlacanthe africain Latimeria chalumnae

Récemment une publication décrivant des analyses détaillées du génome de cœlacanthes africains, a beaucoup fait parler d'elle, car soutenant l'idée d'une «évolution plus lente» (notez les guillemets) des dits cœlacanthes par-apport aux tétrapodes que nous sommes. [1] Bien évidemment cette publication a fait l'objet de divers commentaires et critiques en plus des nécessaires rappels sur le caractère fallacieux du terme de «fossile vivant» pour parler des actuels Cœlacanthes. [2] Et pour davantage de détails sur le cœlacanthe ainsi que sur cette affaire je vous recommande les deux articles suivants de deux membres du C@fé des Sciences:

Un bon fossile est un fossile mort!

Beaucoup de gènes et un peu de gêne pour un fossile vivant : le retour du cœlacanthe

Bien évidemment dès qu'il y a quelques remous intellectuels dans la «blogosphère scientifique» et plus exactement «évolutionniste», les créationnistes tentent de s'y immiscer pour tenter de faire croire au plus grand nombre que l'idée même de l'évolution serait mise à mal (alors que les débats scientifiques sont tout ce qu'il y a de plus normal et de plus sain en Science)! Et à ce titre le créationniste Casey Luskin pense sincèrement avoir trouvé LA preuve mettant à mal l'idée même de fililation commune entre les espèce ou plus exactement notre filiation commune avec les cœlacanthes. Pour ce faire Casey Luskin se réfaire notamment à une donnée particulière de la récente étude du génome du cœlacanthe africain, à savoir les gènes codant une catégorie d'anticorps nommés Immonuglobuline W ou IgW. La particularité de l'IgW est d'être présent chez les poissons cartilagineux (Chondrichthyens), et chez les Cœlacanthes. En revanche l'IgW est totalement absent chez les Téléostéens et chez les Tétrapodes! Or Casey Luskin affirme qu'en se basant sur les gènes codant l'IgW nous obtenons une phylogénie des vertébérés en totale désaccord avec les phylogénies communément admises.

Phylogénie des vertébrés si l'on se base que sur la présence ou l'absence du caractère IgW. On remarque que l'arbre phylogénétique obtenue ne correspond pas du tout à la phylogénie communément admise. Casey Luskin pensant à tort que cela remettrait en question l'évolution en tant que telle!

Bien évidemment nous savons tous qu'on ne peut établir une phylogénie en se basant sur un seul caractère, qu'il soit génétique ou morphologique, car bien évidemment au niveau individuel des convergences évolutives ont lieu comme ici la perte des gènes IgW ayant eu lieu de manière indépendantes chez les Tétrapodes et chez les ancêtres des Téléostéens. C'est ce que rappel PZ Myers et donc l'objection de Casey Luskin est risible! Cependant j'ai remarqué que PZ Myers a omit un point important du «raisonnement» de Casey Luskin. Car voilà celui-ci semble en réalité admettre le fait qu'un caractère unique puisse être perdu deux fois de manière indépendante dans deux différentes lignées. Non En réalité Casey Luskin développe un «argument» bien plus étrange pour affirmer que la perte IgW ne tiendrait pas, et histoire de bien comprendre ce que ce créationniste affirme illustrons ces propos en image!

Phylogénie des poissons osseux selon Casey Luskin pour qui «le compte-rendu standard de l'évolution» stipulerait que les Téléostéens ont commencé à se diversifié avant l'apparition des Sarcoptérygiens. On remarque que selon ce scénario les Téléostéens formeraient donc un groupe paraphylétique. Et donc la perte des gènes IgW constaté chez les Téléostéens devraient donc s'être produit plusieurs fois de manière indépendant au sein de plusieurs lignées de Téléostéens. Problème Casey Luskin raconte n'importe quoi et donc se plante donc complètement!
 
Bon ok qu’est-ce que cette endive de Casey Luskin tente de démontrer ici? Simplement que la perte des gènes IgW chez les poissons à nageoires rayonnées (Téléostéens) serait problématique car selon lui cela impliquerait que ce gène ait été perdu de manière indépendante dans de multiples lignées de Téléostéens et non pas une fois chez un des ancêtres communs de ces derniers! Pourquoi? Parce que selon lui les téléostéens se seraient diversifiés avant que la branche des Sarcoptérygiens ne bifurque des autres, donc avant que la dite branche des Sarcoptérygiens ne voit le jour! Ce qui impliquerait selon le «raisonnement» de Casey Luskin, que les Téléostéens formeraient un clade paraphylétique! Or cette erreur particulièrement grossière de Casey Luskin est inexcusable sachant qu'il utilisait lui-même ce diagramme ci-dessous montrant que les Téléostéens forment bel et bien un clade monophylétique.

Phylogénie classique des vertébérés, avec mention des pertes du caractères IgW chez les ancêtre des Téléostéens et chez les ancêtres des Tétrapodes.

Et donc pas besoin d’évoquer de multiples pertes des gènes IgW de manière indépendante chez diverses lignées de Téléostéens! Certes certains connaisseurs en phylogénie des vertébrés peuvent noter que les poissons à nageoires rayonnées ne se limitent pas aux seuls Téléostéens mais inclue également l'ensemble des Actinoptérygiens. Mais cela ne change rien à l'affaire puisque les Actinoptérygiens (représentés en grande partie mais pas uniquement par les Téléostéens) forment également un groupe monophylétique. [3] La perte du gène IgW ayant très bien pu avoir eu lieu une seule fois durant l’évolution des Actinoptérygiens!

Phylogénie de la plupart des vertébérés. Il apparaît clairement que les Actinoptérygiens tout comme les Téléostéens (qui font partie des Actinoptérygiens) forment aussi un clade monophylétique. [3]

Et donc comment expliquer cette erreur particulièrement grossière de Casey Luskin? Certes la stupidité et la mauvaise foi de ce dernier sont sans aucun doute à blâmer, mais il y a  probablement selon moi un troisième facteur entrant en compte, à savoir une vision gradiste et obsolète de l'évolution. Ainsi malgré la fait que ce cher Casey Luskin avait déjà le diagramme phylogénétique correct sous les yeux, il a néanmoins réussit à en voir les poissons Téléostéens comme un véritable «marche-pied évolutif» des vertébrés! Pour plus d'informations sur la question des «marche-pied évolutif» voir ce précédent article! Je ne vois pas d'autre explication pour avoir commis une erreur aussi grossière...enfin aucune à part la stupidité et la mauvaise fois avérées du bonhomme! Mais aller assez parler poissons, et finissons cette longue et pédante tirade sur une sympathique vidéo des Monty Python mettant en scène des Poissons Téléostéens!



Références:

[1] Chris T. Amemiya et al (2013), The African coelacanth genome provides insights into tetrapod evolution, Nature

[2] Didier Casane and Patrick Laurenti (2013), Why coelacanths are not 'living fossils': a review of molecular and morphological data, Bioessays

[3] Ricardo Betancur-R et al (2013), The Tree of Life and a New Classification of Bony Fishes, PLoS ONE